Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, a adressé jeudi une note aux préfets demandant une action ferme pour protéger les infrastructures visées par le mouvement national du 10 septembre. À cinq jours de la mobilisation appelée sur les réseaux sociaux, le ministre a pris des consignes strictes pour prévenir tout blocage susceptible d’entraver la vie du pays.
Objectifs et ciblages pointés par les services
La note s’appuie sur une information des services de renseignement évoquant des « opérations de blocage de l’économie ». Les cibles prioritaires mentionnées comprennent les dépôts pétroliers, les plateformes logistiques, les facultés, les aéroports et les voies ferroviaires. Le texte cite également des lieux sensibles comme les centrales électriques, les usines d’incinération, les sites de traitement des eaux et les principaux centres d’approvisionnement, à l’instar du marché d’intérêt national de Rungis.
Consignes : sécurité, interpellations, mobilité
Dans sa note, le ministre demande des mesures concrètes : sécurisation des sites, « interpellations systématiques des auteurs » visant leur présentation à l’autorité judiciaire, et mobilisation pleine des moyens humains et matériels. Retailleau insiste sur la nécessité de rappels au service pour policiers et gendarmes si besoin, et précise que la mobilité des forces sera « un marqueur fort » de la réussite de la gestion de l’ordre public ce jour-là.
- Protection des bâtiments publics : « Aucune dégradation de bâtiments publics en général et emblématiques à plus forte raison, ne saurait être tolérée ».
- Sécurisation statique : le ministre demande, si nécessaire, une présence statique renforcée autour des institutions (assemblées, sièges du pouvoir exécutif, autorités judiciaires).
- Préservation des manifestations déclarées dans les formes prévues par la loi : les préfets sont invités à garantir la liberté de manifester tout en réprimant les actions illégales.
Un mouvement né sur les réseaux, potentiellement diffus
Les appels à « Bloquons tout » sont nés en mai sur un canal Telegram et ont gagné en ampleur après le rejet du plan d’économies porté par François Bayrou, avec un ralliement de forces de gauche selon les services. Une note évoquait la possibilité d’une mobilisation nationale pouvant atteindre jusqu’à 100 000 personnes, traduite par des manifestations et opérations de blocage sur l’ensemble du territoire.
Sur le terrain, des rassemblements étaient déjà annoncés dans plusieurs départements : en Dordogne, la CGT a programmé des rendez-vous à Périgueux et Bergerac, et un rassemblement était attendu à Sarlat le 10 septembre.
Retailleau : pas de mouvement d’ampleur attendu, mais vigilance
Interrogé à Clermont-Ferrand, Bruno Retailleau a déclaré qu’il ne croyait pas à « des mouvements d’ampleur » mais qu’il fallait se préparer à « des actions spectaculaires ». Il a pointé la responsabilit�� des mouvances d’extrême gauche et de l’ultra-gauche, « aidée par la CGT », comme possible force d’action durant la journée.
Les instructions aux préfets traduisent la volonté du ministère de l’Intérieur de combiner protection des infrastructures essentielles, maintien du droit de manifester et réponse ferme aux actions illégales ou violentes, dans un contexte d’appel diffus et potentiellement éclaté sur le territoire.