La France est confrontée depuis plusieurs années à des ruptures d’approvisionnement en médicaments essentiels. Invité par le journal « Sud Ouest », le professeur Bernard Bégaud, épidémiologiste et pharmacologue, appelle à diminuer la dépendance de notre pays et de la Nouvelle-Aquitaine aux sites de production étrangers.
Contexte national et local
Selon l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), plus de 100 principes actifs sont aujourd’hui fabriqués à plus de 80 % en Asie. Dans la région, de nombreuses pharmacies d’Aquitaine rapportent des pénuries répétées de paracétamol, d’antibiotiques et de traitements anti-épileptiques. Les hôpitaux bordelais ont parfois dûadapter leurs protocoles en raison d’approvisionnements irréguliers.
Appel à la relocalisation de la production
Pour le professeur Bégaud, il est urgent de réinvestir dans des unités de production en France et en Europe. Il avance plusieurs arguments :
- Souveraineté sanitaire : garantir la disponibilité des médicaments vitaux en cas de crise internationale.
- Qualité et traçabilité : renforcer le contrôle des procédés de fabrication près des centres de décision.
- Création d’emplois : stimuler l’économie locale en développant des sites industriels pharmaceutiques.
Solutions et perspectives
Plusieurs pistes sont désormais étudiées par le gouvernement et les régions :
- Incitations fiscales pour les laboratoires relocalisant une partie de leur production.
- Création de stocks stratégiques de longue durée, notamment pour les traitements cardiaques et antibiotiques.
- Appel à projets innovants dans le domaine de la chimie fine et des biotechnologies.
« Il ne s’agit pas seulement d’une question économique, mais bien de sécurité sanitaire », alerte Bernard Bégaud. En Aquitaine, les élus régionaux pourraient bientôt adopter un plan de relocalisation, en lien avec les acteurs hospitaliers et universitaires de Bordeaux et Pau.
Si la relance d’une industrie pharmaceutique locale représente un coût initial élevé, les experts estiment qu’elle permettra de pallier durablement les pénuries et de renforcer l’autonomie de la France face aux crises futures.
