Un éleveur bovin de Gironde exprime sa colère après la validation annoncée de l’accord UE-Mercosur.
Depuis l’annonce de la validation de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, la colère gronde dans les campagnes de Gironde. Pour Vincent Collineau, éleveur bovin local, le sentiment est sans détour : ‘C’est du dégoût. On nous demande toujours de faire des efforts sur le bien‑être animal, l’environnement, les normes sociales. Et malgré tout, on nous sacrifie encore une fois.’
Des importations massives redoutées
Le traité prévoit l’élimination de plus de 90 % des droits de douane entre l’Europe et l’Amérique latine. À terme, près de 100 000 tonnes de bœuf par an pourraient être importées vers le marché européen à des prix très compétitifs, estiment les acteurs du secteur. Les éleveurs français, soumis à des règles de production et à des coûts souvent supérieurs, se retrouvent dès lors en concurrence directe avec des fournisseurs appliquant des normes différentes.
Pour des exploitants comme M. Collineau, l’impact n’est pas seulement économique : ‘On va favoriser la déforestation là‑bas, le transport maritime, et pénaliser nos productions locales pourtant régulées et respectueuses du bien‑être animal’, alerte‑t‑il.
Une protection annoncée, un scepticisme persistant
La Commission européenne a prévu une clause de sauvegarde destinée à protéger les filières sensibles — bœuf, volaille, sucre — en cas de déséquilibre du marché. Mais sur le terrain, les syndicats agricoles et de nombreux éleveurs se disent sceptiques quant à l’efficacité de ces garde‑fous.
- Les syndicats FNSEA et Jeunes Agriculteurs ont déjà affiché leur hostilité, qualifiant l’accord de ‘toxique’ pour l’agriculture française.
- Les éleveurs redoutent une pression sur les prix et la disparition progressive des productions locales viables.
Avant de s’appliquer, l’accord devra encore être ratifié par les 27 États membres de l’UE puis validé par le Parlement européen. Pour les agriculteurs concernés, la bataille pour des protections effectives et des compensations potentielles s’annonce longue et intense.
Sur le terrain en Gironde, l’inquiétude se double d’un sentiment d’injustice : après des années d’investissements pour répondre aux exigences sanitaires et environnementales, beaucoup estiment que la réciprocité fait défaut. À court terme, ce sont des discussions, des manifestations possibles et des demandes de garanties qui devraient alimenter le débat national et régional.
Reportage : TV7 / Sud Ouest.