Dette publique en France : sommes-nous au bord du surendettement ?

François Bayrou doit solliciter la confiance de l’Assemblée nationale le lundi 8 septembre en mettant au cœur du débat l’état des finances publiques. Le gouvernement alerte sur une dette qui continue de croître et pèse désormais lourdement sur le budget de l’État. Mais la gravité du constat reste discutée parmi les économistes.

Où en est la dette française ?

Au premier trimestre 2025, la dette publique française s’élève à environ 3 300 milliards d’euros, soit près de 114 % du produit intérieur brut (PIB). Ce niveau place la France derrière la Grèce et l’Italie au sein de la zone euro. En 1995, la dette représentait 57,8 % du PIB ; elle a été alourdie par les crises financière, sanitaire et l’inflation des dernières décennies.

Quel est le problème ?

Une dette plus élevée signifie des charges d’intérêts plus importantes. Selon le rapport d’avancement du Plan budgétaire et structurel à moyen terme présenté en avril, la charge de la dette de l’État atteint 53 milliards d’euros en 2025 et pourrait monter à 66 milliards en 2026, au point de devenir le premier poste de dépenses devant l’Éducation nationale, selon François Bayrou.

Le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, a prévenu que ces montants étranglent l’action publique : « Les conséquences pour les Français, c’est qu’on ne peut pas faire le reste », a-t-il déclaré.

Des analyses divergentes

Plusieurs observateurs relativisent toutefois l’alarmisme. Des économistes proches d’Attac et de la fondation Copernic rappellent que la charge de la dette rapportée au PIB était de l’ordre de 2 % en 2024, « nettement moins que dans les années 1990 » et proche de la moyenne de la zone euro. Éric Heyer (OFCE) souligne le rôle de l’inflation qui, en augmentant mécaniquement les recettes fiscales et la richesse nationale, peut absorber une partie de la charge de la dette.

Y a-t-il un risque de crise souveraine ?

Les comparaisons avec la crise grecque reviennent régulièrement dans le débat public, mais plusieurs spécialistes estiment qu’un scénario identique est peu probable à court terme. Le taux d’emprunt français à 10 ans a dépassé 3,6 %, un plus haut depuis mars 2025, mais la dette française reste encore recherchée : des adjudications récentes ont attiré une forte demande malgré la hausse des taux.

Le rôle de la Banque centrale européenne comme filet de sécurité est aussi considéré comme un facteur d’apaisement. Toutefois, certains anticipent un possible déclassement de la dette française si la confiance des marchés venait à se détériorer.

Quelles conséquences politiques et économiques ?

Au-delà des chiffres, le débat est politique : la perception d’une dette hors de contrôle peut contraindre le gouvernement à adopter des mesures d’austérité ou de réforme structurelle impopulaires. À l’inverse, un discours jugé excessivement alarmiste risque d’alimenter la défiance des investisseurs et d’entraîner une hausse des taux, compliquant davantage le financement de l’État.

La motion de confiance recherchée par François Bayrou sera donc un test de l’acceptation parlementaire de ce diagnostic et des réponses proposées pour contenir la trajectoire de la dette.

Faits vérifiés : dette ~3 300 Md€ (T1 2025), ratio ≈114% du PIB, charge de la dette 53 Md€ en 2025 et prévision 66 Md€ en 2026, taux 10 ans >3,6% (source : AFP / rapport PSMT).

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