Khartoum : la lente reconstruction après deux ans de guerre

Khartoum, capitale du Soudan, porte encore les stigmates d’une guerre qui a dévasté quartiers et infrastructures depuis 2023. Dans les rues et la banlieue, ouvriers, volontaires et équipes gouvernementales s’affairent à dégager les décombres, réparer les réseaux électriques et réhabiliter hôpitaux et écoles, premier pas d’un chantier de reconstruction annoncé mais immense.

Des quartiers à terre

Les images sont frappantes : immeubles éventrés, véhicules calcinés, pylônes noircis et rues encombrées de gravats. La guerre civile a forcé près de la moitié des quelque neuf millions d’habitants de la métropole à fuir. Conquise par des paramilitaires au début du conflit, Khartoum a été reprise par l’armée en mars dernier, mais les traces des combats restent omniprésentes.

« Nous travaillons pour réparer les infrastructures », dit Mostafa Awad, au milieu du bruit des marteaux et des pelles. Des centaines de personnes se sont mobilisées localement, mais la pénurie d’outils et de matériaux complique les opérations de remise en état.

Des obstacles dangereux

Au-delà des destructions visibles, les équipes doivent composer avec des dizaines de milliers de munitions non explosées et même des mines identifiées dans la capitale. Ces dangers ralentissent la reprise des services et menacent les civils et les travailleurs.

Avant d’être repoussés, les paramilitaires ont pillé et démantelé des infrastructures : matériel médical, pompes à eau, câbles en cuivre, transformateurs vidés de leur huile. Mohamed el-Béchir, responsable du département de l’électricité, parle de « dégâts immenses », plusieurs centrales électriques ayant été rendues hors d’usage.

Un chantier long et coûteux

L’ONU évalue à environ 350 millions de dollars le coût pour restaurer les infrastructures de base. Mais la reconstruction intégrale, avertit Luca Renda, coordinateur résident de l’ONU, prendra des années et nécessitera « plusieurs milliards de dollars ». Le Programme des Nations unies pour le développement a lancé des programmes « argent contre travail » pour mobiliser des bras; toutefois la plupart des projets sont aujourd’hui financés localement.

  • Réseaux électriques et d’eau gravement touchés
  • Pénurie d’outils et matériaux
  • Présence de munitions non explosées et de mines
  • Coûts estimés très élevés et reconstruction sur plusieurs années

Espoir fragile et retours

Malgré la situation, des signes de reprise apparaissent : certains services essentiels réapparaissent, et des dizaines de milliers de personnes seraient déjà revenues. Le Premier ministre Kamel Idris, en visite en juillet, a assuré que « Khartoum redeviendra une capitale nationale fière ».

L’ONU prévoit toutefois un retour progressif et partiel : jusqu’à deux millions de personnes pourraient regagner la capitale d’ici la fin de 2025. Entre-temps, la ville fait face à des urgences sanitaires — une épidémie de choléra a provoqué jusqu’à 1 500 nouvelles infections par jour en juin — et à une crise humanitaire massive au niveau national. Selon les agences internationales, 26 millions de Soudanais risquent la famine et quelque 11 millions ont été chassés de leurs foyers depuis le début du conflit.

Sur le terrain, la reconstruction a commencé, portée par des jeunes bénévoles, des administrations et des programmes humanitaires. Mais entre les risques de sécurité, le pillage des ressources et l’ampleur des dégâts, la reconstruction de Khartoum reste un défi long et coûteux, conditionné par l’évolution du conflit et par la solidarité internationale.

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