Stellantis juge la fin des thermiques 2035 irréaliste en Europe

Le nouveau directeur général de Stellantis, Antonio Filosa, a déclaré que les objectifs de l’Union européenne visant une réduction de 55 % des émissions d’ici 2030 et l’interdiction des ventes de voitures thermiques en 2035 « ne sont pas réalistes tels que définis ». Ses propos, tenus dans une interview aux Echos publiée le 6 septembre 2025, relancent le débat sur la faisabilité du calendrier fixé par le Green Deal européen.

Des leviers de flexibilité réclamés

Filosa, à la tête du groupe qui rassemble des marques comme Peugeot, Fiat et Jeep, a plaidé pour l’introduction de mécanismes de flexibilité afin d’accompagner la transition tout en préservant l’activité industrielle en Europe. Selon lui, il faut agir « vite » pour enrayer « le déclin rapide de l’industrie automobile européenne » et éviter un cercle vicieux où la baisse des ventes retarde le renouvellement d’un parc vieillissant.

Parmi les pistes avancées par le patron de Stellantis :

  • des primes à la casse ou des aides à la reconversion pour moderniser le parc automobile ;
  • des « supercrédits CO2 » pour encourager la vente de petites voitures électriques ;
  • une meilleure prise en compte et valorisation des véhicules hybrides dans les objectifs de décarbonation.

Un front industriel en mouvement

La remise en cause de la date butoir 2035 n’est pas isolée. BMW a proposé de repousser l’interdiction jusqu’en 2050, tandis que le patron de Mercedes-Benz a qualifié la cible de 2035 d’« inatteignable ». Ces réactions s’inscrivent dans un contexte de ventes d’électriques qui plafonnent dans plusieurs marchés, d’une concurrence chinoise accrue, de droits de douane américains et d’une érosion des bénéfices mondiaux des constructeurs.

Face à ces signaux, la Commission européenne avait déjà assoupli en mars 2025 certains objectifs de réduction des émissions à moyen terme. Ursula von der Leyen prévoit d’ouvrir prochainement un dialogue stratégique avec les constructeurs, à la veille du salon de l’automobile de Munich (IAA), pour faire le point sur l’état de l’industrie et les moyens d’accompagner la transition.

Une clause de revoyure en 2026

Rappelons que le texte européen prévoit une clause de « revoyure » en 2026 destinée à dresser un premier bilan et, le cas échéant, à ajuster les mesures. Pour Stellantis et d’autres acteurs du secteur, l’enjeu est de trouver un équilibre entre objectifs climatiques ambitieux et réalités industrielles afin d’éviter désindustrialisation et perte d’emplois.

Les propositions de Filosa ouvrent la voie à des négociations qui s’annoncent tendues : préserver la compétitivité des constructeurs européens tout en maintenant la trajectoire de décarbonation imposera selon lui des mesures concrètes et rapides, tant au niveau européen que national.

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