Pétrole : Opep+ relance production, menace sur les prix mondiaux

Les pays de l’Opep+ ont annoncé une nouvelle hausse de leurs quotas de production, confirmant un mouvement engagé depuis le printemps. Pour octobre 2025, le groupe a décidé d’ajouter 137 000 barils par jour au niveau requis en septembre, et laisse la porte ouverte à un rétablissement progressif pouvant atteindre 1,65 million de barils par jour supplémentaires sur le marché.

Ce qui a été décidé

Arabie saoudite, Russie, Irak, Émirats arabes unis, Koweït, Kazakhstan, Oman et Algérie — huit membres de l’Opep+ — poursuivent ainsi leur stratégie de reconquête de parts de marché entamée en avril, après avoir déjà augmenté leur production de 2,2 millions de barils par jour ces derniers mois. Le communiqué du groupe précise que le rétablissement des volumes supplémentaires se fera «en partie ou en totalité, et de manière progressive, en fonction de l’évolution des conditions du marché».

Pression à la baisse sur les cours

Sur un marché déjà abondant et avec une demande traditionnellement plus faible au quatrième trimestre, les analystes estiment que cette nouvelle étape risque d’exercer une pression à la baisse sur les prix. Le Brent se négociait un peu au‑dessus de 65 dollars le baril lors de la clôture récente des marchés; plusieurs observateurs jugent probable un recul sous la barre des 60 dollars si les volumes promis arrivent effectivement sur le marché.

  • Facteurs baissiers : abondance de l’offre, remise en production de champs, concurrence accrue (États‑Unis, Canada, Guyana, Brésil).
  • Facteurs haussiers : risques géopolitiques (guerre en Ukraine), sanctions et tensions commerciales qui peuvent limiter l’accès à certaines sources d’approvisionnement.

Limites opérationnelles et mécanisme de compensation

Selon des spécialistes, l’augmentation effective sera vraisemblablement inférieure aux sommes annoncées en raison de contraintes techniques et du mécanisme interne de compensation de l’Opep+. Des pays ayant déjà dépassé leurs quotas devront produire moins dans les mois à venir pour compenser, tempérant l’impact immédiat sur l’offre globale. Pour Jorge Leon, analyste chez Rystad Energy, «le message est fort», même si la hausse réelle dépendra des capacités et des mécanismes de correction.

Enjeux géopolitiques

La décision soulève aussi des questions d’unité au sein du groupe. La Russie, en particulier, reste dépendante de recettes pétrolières élevées pour financer ses dépenses. Des pressions politiques et économiques extérieures — notamment de la part des États‑Unis et de leurs alliés — pourraient limiter la capacité de certains membres à profiter pleinement d’une hausse des quotas.

Par ailleurs, l’administration américaine a encouragé une augmentation de la production nationale et recours à des mesures commerciales (surtaxes) pour influer sur des importations liées au pétrole russe, illustrant l’importance des interactions entre politique étrangère et marché énergétique.

Conséquences pratiques pour la France

Pour les consommateurs français, une baisse des cours pourrait, toutes choses égales par ailleurs, se traduire par un recul des prix des carburants à la pompe. Mais d’autres facteurs — taux de change euro/dollar, taxes et marges locales — continueront de peser sur le prix final. Pour les États producteurs, une baisse prolongée représenterait un risque pour les budgets publics et les projets d’investissement.

En résumé, la décision de l’Opep+ marque une nouvelle étape dans la recomposition de l’offre mondiale de pétrole : elle renforce la concurrence sur les marchés, accroît l’incertitude sur les cours et rappelle combien la géopolitique reste un paramètre déterminant pour l’énergie.

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