Paris, 8 septembre 2025. Pour la première fois depuis 1958, un chef de gouvernement pourrait perdre sa fonction après avoir requis formellement la confiance de l’Assemblée nationale. François Bayrou a engagé, lundi 8 septembre, un vote de confiance sur son gouvernement, confrontation clé après des mois de tensions liées aux annonces budgétaires de l’été.
Un vote à haut risque
Le Premier ministre a choisi d’appeler les députés à se prononcer sur son programme et sa gestion budgétaire. Les oppositions, du Rassemblement national aux Insoumis, en passant par les écologistes et le Parti socialiste, ont d’ores et déjà annoncé leur intention de ne pas accorder leur confiance, rendant la chute du gouvernement probable et inédite dans l’histoire de la Ve République.
Les raisons du bras de fer
La crise éclate après les annonces budgétaires faites en juillet, qui ont provoqué une vive réaction des syndicats et des partis opposés. Le choix de Bayrou de solliciter la confiance intervient alors qu’il est fragilisé par plusieurs mois de critiques politiques et médiatiques. En cas de rejet, Matignon devra se préparer à une succession rapide: il s’agirait du cinquième Premier ministre nommé en trois ans, un marqueur de l’instabilité gouvernementale actuelle.
Ce que dit l’histoire constitutionnelle
L’article 49 alinéa 1er de la Constitution, qui permet au Premier ministre de requérir la confiance de l’Assemblée, a été employé à 41 reprises depuis 1958 sans jamais entraîner la chute d’un chef de gouvernement. Plusieurs dirigeants ont toutefois connu des votes très serrés — notamment Jacques Chirac entre 1986 et 1988 — mais l’issue a toujours été favorable aux gouvernements concernés. Si François Bayrou venait à être désavoué, ce serait une première historique.
Les acteurs et leurs positions
- Rassemblement National: vote contre et volonté de provoquer un réexamen politique.
- La France Insoumise: dépôt d’une motion visant à destituer le gouvernement dans la foulée.
- Les Verts et le Parti socialiste: refus annoncé de voter la confiance, dénonçant le non-respect d’engagements.
Au total, l’usage du 49.1 apparaît davantage comme une tradition républicaine que comme une obligation: depuis Georges Pompidou, plusieurs Premiers ministres ont d’ailleurs choisi de ne pas recourir à ce vote, et seuls 22 Premiers ministres ont effectivement sollicité cette procédure alors qu’une vingtaine de personnalités différentes ont occupé Matignon.
Conséquences et enjeux
Si le vote aboutit à la chute du gouvernement, l’exécutif devra nommer un nouveau chef du gouvernement. Au-delà du remplacement possible, l’épisode souligne la difficulté d’imposer une politique budgétaire consensuelle dans un paysage parlementaire fragmenté. Pour François Bayrou, la journée marque un tournant: soit une confirmation fragile, soit une sortie incontournable de Matignon et une place dans les annales constitutionnelles.
Les prochains jours seront décisifs pour la majorité présidentielle et pour la stabilité politique du pays, au moment où les débats sur l’équilibre des comptes publics et sur les priorités économiques restent au premier plan du débat national.