Paris, 8 septembre 2025. Alors que l’Assemblée nationale se prononce ce lundi lors d’un vote de confiance qui devrait conduire à la chute du gouvernement, de nombreux titres étrangers livrent une lecture alarmée de la situation politique française. De New York à Ankara, la presse pointe une France marquée par l’instabilité, des difficultés budgétaires et un paysage parlementaire profondément divisé.
Les journaux américains dénoncent la paralysie
Le New York Times estimait déjà en décembre 2024 que la nomination de François Bayrou ne stabiliserait pas une scène politique agitée. Dans un nouvel article publié ce lundi, le quotidien écrit que «c’est une France politiquement paralysée qui a eu quatre premiers ministres au cours des vingt derniers mois et semble sur le point d’en ajouter un cinquième», jugeant la convocation d’élections législatives anticipées par Emmanuel Macron en juin 2024 comme un mouvement qui a encore fragilisé la gouvernance.
Le Washington Post s’alarme pour sa part du risque d’affaiblissement intérieur du président : «Il a promis de rester jusqu’à la fin de son mandat, mais risque de devenir un canard boiteux sur le plan intérieur si la paralysie politique persiste.»
Europe : austérité, compromis impossibles
En Allemagne, la Frankfurter Allgemeine Zeitung interroge la compatibilité des plans : peut-on concilier les 44 milliards d’euros d’économies proposés par Bayrou et les exigences des socialistes qui ne souhaitent en accepter qu’une partie ? Le quotidien souligne la difficulté d’élaborer un budget 2026 en temps utile.
En Espagne, El País relève que la sortie de Bayrou semble préparée et interprète son parcours comme une tentative de préserver son héritage politique plutôt que de poursuivre un véritable pouvoir exécutif.
Risque de montée des extrêmes, selon Londres
La presse britannique pointe la responsabilité du chef de l’État dans la crise. The Guardian, via un entretien avec un spécialiste du Centre d’analyse des politiques européennes, met en garde : une crise prolongée pourrait renforcer les partis nationalistes et anti-immigration. La BBC rappelle que la dissolution de juin dernier a produit un résultat inverse à la clarté espérée, avec un Parlement plus fragmenté et un exécutif affaibli.
Voix ailleurs : de la Turquie aux observateurs internationaux
En Turquie, l’agence Anadolu cite des analystes qui parlent d’une «voie suicidaire» pour les dirigeants français, reprenant des termes employés par certains chercheurs. Ces réactions témoignent d’un intérêt international inhabituel, signe de l’impact potentiel d’une crise française sur la scène européenne et mondiale.
Enjeux immédiats : budget et stabilité
Au cœur des critiques : la situation budgétaire du pays, l’incapacité à forger des majorités stables et la perspective d’une recomposition politique qui pourrait profiter aux forces nationalistes. Pour l’heure, le scrutin de confiance devrait sceller le sort du gouvernement de François Bayrou ; les médias étrangers lisent dans cet épisode la confirmation d’une période d’incertitude durable pour la politique française.
La suite dépendra des arbitrages sur le budget 2026 et des équilibres qui se dessineront à l’Assemblée. De nombreux observateurs internationaux estiment que la crise pourrait redistribuer les cartes du paysage politique français, avec des conséquences lourdes pour la majorité présidentielle et l’ensemble des partis traditionnels.