Royaume‑Uni: Johnson soupçonné d’avoir monnayé ses réseaux saoudiens

Des documents fuités consultés par le Guardian suggèrent que l’ancien Premier ministre britannique Boris Johnson a cherché, en 2024, à exploiter ses relations diplomatiques en Arabie saoudite pour le compte d’une société qu’il codirige, Better Earth.

Ce que révèlent les « Boris Files »

La fuite, baptisée les « Boris Files » et obtenue via l’organisation américaine Distributed Denial of Secrets (fondée par une ancienne journaliste spécialisée en sécurité), contient des échanges et des notes indiquant que M. Johnson a adressé une lettre flatteuse au prince héritier saoudien, Mohammed ben Salman, se présentant comme « fervent admirateur » de sa gestion du royaume et proposant les services de Better Earth pour l’aider dans ses objectifs de réduction des émissions carbone.

Selon les documents, l’ancien chef du gouvernement aurait également rencontré en février 2024 le ministre saoudien du Commerce, Majid al-Qasabi, un interlocuteur qu’il fréquentait déjà à Downing Street. Cette démarche intervient alors que M. Johnson avait accepté un poste au sein de Better Earth rémunéré à hauteur de 120 000 livres par an, assorti d’une participation au capital.

Un possible franchissement des règles post-mandat

  • Better Earth : société britannique spécialisée dans la transition énergétique et coprésidée par Boris Johnson et l’homme d’affaires canadien Amir Adnani.
  • Actionnariat : la société compterait parmi ses actionnaires plusieurs proches de Johnson, dont deux anciens ministres conservateurs et Charlotte Owen, ancienne collaboratrice élevée à la pairie par l’ex-Premier ministre.
  • Règles en cause : le comité de surveillance des nominations commerciales, Acoba, avait interdit à Johnson pendant deux ans après son départ du gouvernement de mener des opérations d’influence auprès de contacts établis durant son mandat.

Ces éléments soulèvent des interrogations sur un éventuel non-respect des règles encadrant les activités professionnelles des anciens responsables publics au Royaume‑Uni. Les documents ne montrent pas que des accords définitifs ont été conclus, mais montrent des démarches actives vers des responsables saoudiens.

Réponses et suites

Ni Boris Johnson, ni Better Earth n’avaient répondu aux sollicitations du Guardian au moment de la publication des éléments. Les informations proviennent de sources secondaires et d’une fuite de documents; elles ont été rendues publiques par le Guardian.

Cette affaire intervient dans un contexte où plusieurs anciens responsables politiques britanniques se sont retrouvés sous le feu des critiques pour leurs recasements professionnels après leur sortie du pouvoir. Pour l’heure, aucune procédure officielle n’a été annoncée publiquement à propos des faits révélés par les documents.

En résumé : les « Boris Files » suggèrent que Boris Johnson a tenté en 2024 de mettre ses réseaux saoudiens au service d’une entreprise qu’il codirige. Ces démarches posent des questions quant au respect des règles post-mandat encadrées par Acoba et pourront alimenter un examen politique et éventuellement administratif si des investigations formelles sont lancées.

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