Compléments alimentaires en France : risques et dérives alertés

Les compléments alimentaires, perçus comme inoffensifs, inquiètent les autorités sanitaires. L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) met en garde contre des effets indésirables parfois graves et appelle à une vigilance accrue des consommateurs et des professionnels de santé.

Usage massif mais contrôles limités

Vitamines B, C, D, oligo-éléments et autres formules «boost» : les ventes en officine ont bondi de près de 56% depuis 2019, selon le lobby NèreS. Un Français sur quatre consomme régulièrement des compléments alimentaires, et 37% des Français pensent à tort que ces produits peuvent compenser une mauvaise alimentation, d’après le baromètre 2025 de l’esprit critique.

Pourtant, ces produits se situent à la frontière entre alimentation et médicament : ils ne nécessitent pas d’autorisation de mise sur le marché et aucune étude d’efficacité ou d’innocuité n’est demandée avant commercialisation. Les allégations autorisées restent encadrées au niveau européen (par exemple «le zinc contribue au fonctionnement normal du système immunitaire»), mais, sur internet, des promesses thérapeutiques excessives prolifèrent.

Des sites non conformes et des pratiques à risque

La DGCCRF, lors d’un contrôle de sites en 2017, a relevé que 76% des sites vérifiés n’étaient pas conformes. L’Anses dénonce «le côté obscur» de la vente en ligne où «on y vend absolument tout et n’importe quoi», selon Aymeric Dopter, chef de l’unité d’évaluation des risques liés à la nutrition à l’Anses.

Effets indésirables et nutrivigilance

  • Depuis 2009, l’Anses gère un dispositif de nutrivigilance pour recueillir et analyser les effets indésirables liés aux compléments. En 2024, plus de 500 signalements ont été reçus.
  • Après analyse, l’agence émet en moyenne dix-sept alertes par an auprès des pouvoirs publics sur des produits dangereux.

Les risques sont variés : interactions médicamenteuses, mésusage, effets nutritionnels délétères. Exemple : le zinc peut induire une carence en cuivre ; l’aloe vera est déconseillé en cas d’occlusion intestinale ; l’échinacée, chez des personnes atteintes de pathologies du système immunitaire, peut être dangereuse. L’Anses avait aussi alerté en 2023 sur des surdosages en vitamine D chez des nourrissons liés à des compléments.

Récemment, l’alerte s’est portée sur des «coupe-faim» contenant Garcinia cambogia, impliqués dans plusieurs atteintes hépatiques, dont un cas mortel.

Que faire ? Les recommandations

L’Anses recommande que toute prise de complément alimentaire soit discutée au préalable avec un professionnel de santé. «Que ce soit pour de la fatigue ou un manque de tonus, il ne faut pas essayer de régler seul le problème en se jetant sur des compléments alimentaires», prévient Aymeric Dopter. «Derrière, il peut toujours y avoir quelque chose de plus grave et donc un retard de prise en charge.»

Pour limiter les risques :

  • Consultez médecin ou pharmacien avant de commencer une cure, surtout si vous suivez un traitement.
  • Privilégiez une alimentation variée et équilibrée : en l’absence de pathologie, elle couvre généralement les besoins.
  • Méfiez-vous des promesses «miracles» sur internet ; vérifiez la conformité et l’origine des produits.
  • Signalez tout effet indésirable aux autorités sanitaires via les dispositifs de nutrivigilance.

Certaines populations restent en revanche concernées par des besoins spécifiques : femmes enceintes, personnes âgées ou végétaliens (risque de carence en vitamine B12) peuvent justifier un recours ciblé aux compléments, sous contrôle médical.

En résumé : les compléments alimentaires ne sont pas anodins. Leur banalisation masque des risques réels. Avant de démarrer une cure, mieux vaut s’informer et consulter un professionnel de santé.

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