Bonifacio (Corse‑du‑Sud) — L’enquête sur la mort de Paul‑Dominique Rocca, abattu en juin 2019 sur le port de Bonifacio, a pris un tournant après des investigations liées à un autre homicide à Porto‑Vecchio en 2023, a indiqué le parquet de Marseille.
Les faits
Le 11 juin 2019, Paul‑Dominique Rocca, 52 ans et co‑directeur de la société des promenades en mer de Bonifacio (SPMB), a été atteint de plusieurs projectiles de calibre de chasse sur le quai de la cité maritime et est décédé. Rocca avait auparavant été condamné en 2016 dans une affaire d’extorsion liée au marché des promenades en mer.
Enquête relancée après un second homicide
Initialement ouverte en juin 2019 et confiée à la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Marseille — notamment pour des faits d’assassinat en bande organisée — l’information judiciaire n’avait pas permis d’aboutir. Selon le procureur de la République de Marseille, Nicolas Bessone, les investigations ont été relancées à la faveur de l’enquête sur l’homicide d’Antoine Cantara, tué par balles en août 2023 dans un camping à Porto‑Vecchio.
M. Cantara, 42 ans, appartenait lui aussi à une famille de bateliers de Bonifacio. Les éléments recueillis dans le cadre de cette affaire ont permis d’apporter des informations déterminantes sur les circonstances du meurtre de 2019 et d’identifier le présumé auteur, lui‑même abattu en août 2023.
Poursuites et mises en examen
Le 2 septembre 2025, lors d’une garde à vue, un homme de 33 ans, «très défavorablement connu», a reconnu une partie des faits liés à l’affaire de 2019 — surveillances sur le port et le vol d’un véhicule utilisé lors de l’assassinat — tout en niant avoir eu connaissance du but criminel de ces actes, indique le parquet. Il a été mis en examen pour association de malfaiteurs en vue de commettre un crime et vol en bande organisée, puis placé en détention provisoire.
Contexte : une guerre de familles pour le marché des promenades
Le procureur rappelle que l’assassinat de M. Rocca renvoyait à une ancienne guerre entre familles du port, liée au partage du marché des promenades en mer à Bonifacio entre 1999 et 2013, conflit qui avait déjà causé quatre morts avant que les compagnies concurrentes ne fusionnent au sein de la SPMB.
Cette affaire survient dans un contexte tendu pour les bateliers corses : quelques mois avant les nouvelles avancées judiciaires, une série d’incendies criminels avait visé des bateaux de promenade à Calvi, Saint‑Florent et Ajaccio, suscitant l’indignation du collectif antimafia «Maffia no, a vita ié» et de la chambre de commerce et d’industrie de Corse.
Suite judiciaire
Les autorités judiciaires poursuivent l’instruction pour reconstruire les responsabilités et l’organisation supposée derrière ces faits. Les investigations menées par la JIRS et les services de police visent désormais à établir l’enchaînement exact des événements et l’implication des différents protagonistes identifiés.
Pour les familles et les professionnels des ports corses, ces révélations relancent le débat sur la sécurité des activités maritimes locales et sur la persistance de réseaux criminels liés à l’économie des promenades en mer, secteur stratégique pour plusieurs communes côtières.