Le procès de l’ancien anesthésiste Frédéric Péchier est entré dans le vif du sujet à Besançon, avec l’examen détaillé des preuves matérielles mises au jour par les enquêteurs. La cour d’assises du Doubs, qui juge le médecin pour 30 empoisonnements présumés entre 2008 et 2017 (dont 12 décès), a entendu mercredi pendant plus de dix heures le directeur d’enquête sur les éléments saisis dans un bloc opératoire.
Les preuves matérielles présentées
L’enquêteur Olivier Verguet a décrit devant les jurés «les armes du crime» : deux seringues contenant de la mépivacaïne et une poche de paracétamol percée et polluée. Ces dispositifs médicaux ont été placés sous scellés par la police lors de leur découverte, quelques jours après un arrêt cardiaque suspect relevé chez une des patientes.
Les analyses de laboratoire, présentées à la cour, ont conclu à une intoxication par mépivacaïne pour Jean‑Claude Gandon, âgé de 70 ans, survenu le 20 janvier 2017 pendant une opération à la clinique Saint‑Vincent. Les enquêteurs estiment que le produit a été injecté dans la poche de perfusion de paracétamol utilisée durant l’intervention.
Les victimes citées au procès
- Jean‑Claude Gandon : arrêt cardiaque en salle d’opération le 20 janvier 2017 ; analyses faisant état d’une intoxication à la mépivacaïne.
- Sandra Simard : mère de famille de 36 ans, blessée neuf jours plus tôt par un arrêt cardiaque inexpliqué ; découverte d’une dose potentiellement létale de potassium dans sa poche de perfusion à l’origine de l’enquête.
La défense conteste les conclusions
Me Randall Schwerdorffer, avocat de M. Péchier, a vivement contesté la conduite de l’enquête et la façon dont les faits ont été reconstitués. Il a dénoncé ce qu’il a qualifié de «scénario» et insisté sur la nécessité de preuves irréfutables. La question de la présence ou non d’autres intervenants dans le bloc au moment des faits a été au cœur des échanges : les enquêteurs ont affirmé qu’outre le docteur, seule une élève infirmière pouvait s’y trouver, hypothèse contestée par la défense.
Enjeux et calendrier
Calme et attentif aux débats, Frédéric Péchier maintient son refus d’avoir empoisonné ses patients. Il comparaît libre, mais risque la réclusion criminelle à perpétuité s’il était condamné pour les faits les plus graves. Le procès, qui a donné lieu à des auditions techniques et médicales approfondies, doit se poursuivre dans les semaines à venir ; le verdict est attendu le 19 décembre.
Cette affaire exceptionnelle soulève des questions médicales et judiciaires complexes, portant sur la traçabilité des dispositifs médicaux, la chaîne de responsabilité en bloc opératoire et la fiabilité des expertises toxicologiques présentées devant la cour.