La mobilisation « Bloquons tout » a rassemblé, selon le ministère de l’Intérieur, 175 000 personnes en France mercredi 10 septembre lors de 812 actions organisées sur l’ensemble du territoire. Le mouvement, né sur les réseaux sociaux et soutenu par la CGT et Solidaires, a combiné rassemblements massifs et actions de blocage, sans pour autant paralyser le pays.
Chiffres et déroulé
Le ministère a recensé 812 actions : 550 rassemblements et 262 blocages. Plusieurs grandes villes ont été mobilisées dès la matinée : Paris, Nantes, Rennes, Toulouse, Lille, Bordeaux, La Rochelle ou encore Pau. La participation a même dépassé, selon le décompte officiel, celle du 1er mai 2025 (157 000 manifestants).
- 175 000 manifestants au total (ministère de l’Intérieur).
- 473 personnes interpellées dans la journée, dont 203 à Paris.
- 339 placements en garde à vue, dont 106 à Paris.
- 550 rassemblements et 262 blocages recensés.
Incidents localisés mais pas de paralysie nationale
Si la journée est qualifiée par les autorités de « sous tension », elle n’a pas abouti à une paralysie généralisée. Plusieurs incidents ont toutefois marqué le mouvement : un incendie a endommagé la façade d’un immeuble dans le centre de Paris — un sinistre que le parquet évoque comme possible conséquence indirecte d’une intervention policière —, un bus a été saccagé et incendié sur la rocade de Rennes, et des affrontements ont opposé manifestants et forces de l’ordre à Toulouse.
Dans certaines villes, de jeunes manifestants étaient équipés de masques à gaz et de lunettes de protection lors de confrontations ponctuelles. Les forces de l’ordre sont intervenues localement et les autorités ont procédé à de nombreuses interpellations au cours de la journée.
Pourquoi ce mouvement ?
Les organisateurs et manifestants citent plusieurs motifs : protestation contre l’austérité, dénonciation des « inégalités » et protestation contre un « déni » démocratique. La mobilisation intervient aussi dans le sillage de la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon, perçue par certains comme la continuité d’une même ligne politique. Sur le terrain, certaines prises de parole ont exprimé la défiance envers la nouvelle équipe gouvernementale.
Réactions politiques et syndicales
Du côté du gouvernement et des responsables institutionnels, le ton a été de fermeté. Le ministre de l’Intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau, a salué la « mise en échec de ceux qui voulaient bloquer le pays » et a salué la réactivité des forces de l’ordre, dénonçant ce qu’il a qualifié d’« instrumentalisation » du mouvement par l’extrême gauche.
Les syndicats, pour leur part, revendiquent le succès de la journée. La CGT a qualifié la mobilisation de « succès » et a appelé à amplifier la contestation : l’intersyndicale a d’ores et déjà appelé à une nouvelle journée de grève nationale le 18 septembre. Sophie Binet, leader syndicale, a souhaité que la journée du 18 soit « encore plus mobilisatrice ».
Ce qu’il faut retenir
La journée du 10 septembre a réuni une mobilisation étendue sur le territoire, mêlant rassemblements et actions de blocage : de nombreux incidents ont été signalés localement et plusieurs centaines de personnes ont été interpellées, mais l’exécutif souligne que le pays n’a pas été bloqué. Le mouvement prépare désormais une prochaine échéance nationale, le 18 septembre.
Reste que cette séquence montre la persistance d’une contestation sociale en France, capable de s’organiser via les réseaux et de mobiliser des dizaines de milliers de personnes sur des revendications larges et diverses.