Voitures thermiques : l’industrie européenne presse Bruxelles d’assouplir 2035

Les constructeurs demandent plus de temps pour la transition électrique

Bruxelles — Les principaux acteurs de l’industrie automobile européenne ont intensifié leurs demandes auprès de l’Union européenne pour assouplir le calendrier menant à l’interdiction de la vente des voitures neuves thermiques en 2035. L’exécutif européen, représenté par la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, a entendu les industriels lors d’un nouveau « dialogue stratégique » lancé cette année.

« La réglementation est trop rigide », a résumé Sigrid de Vries, directrice générale de l’Association européenne des constructeurs automobiles (ACEA). L’organisation rappelle le poids économique et social du secteur : quelque 13 millions d’emplois directs et indirects et environ 7 % du PIB européen, selon ses chiffres.

Arguments et demandes des industriels

  • Les constructeurs soulignent des ventes de modèles électriques qui peinent à décoller et la pression concurrentielle croissante, notamment de fabricants chinois.
  • Ils pointent aussi les droits de douane américains et la baisse des bénéfices mondiaux qui fragilisent leurs marges.
  • La « flexibilité » réclamée pourrait prendre la forme d’un report limité dans le temps pour respecter l’échéance de 2035 ou d’exceptions pour certains véhicules à faibles émissions (hybrides).

La demande d’assouplissement a reçu un appui politique notable : le chancelier allemand Friedrich Merz a plaidé depuis le salon automobile de Munich pour « une réglementation européenne intelligente, fiable et souple ».

Des voix en faveur du maintien de 2035

Face à ces pressions, le camp pro-2035 reste actif. Quelque 150 entreprises de la filière des véhicules électriques — constructeurs, fabricants de batteries et opérateurs de recharge — ont signé une lettre ouverte à Ursula von der Leyen pour défendre la date butoir et réclamer de ne pas reculer : « Tenez bon, ne reculez pas », écrivent-elles.

William Todts, directeur de l’ONG Transport & Environment, note que l’objectif 2035 produit déjà des effets : « Pour la première fois depuis dix ans, les Allemands peuvent se targuer d’être presque aussi bons que les Chinois » sur le segment des véhicules électriques, mais « ils le font uniquement à cause des normes d’émissions de CO2 », a-t-il déclaré dans le cadre du dialogue stratégique.

Mesures récentes et pistes envisagées

Bruxelles a récemment adopté un mécanisme d’« averaging » des émissions de CO2 permettant de calculer les objectifs sur trois années (2025-2027) plutôt que sur une seule, pour éviter des amendes massives aux constructeurs en retard. La Commission envisage également d’examiner la possibilité de maintenir sur le marché certains véhicules à faibles émissions au-delà de 2035.

Ursula von der Leyen a évoqué par ailleurs une initiative visant à développer des « véhicules électriques abordables et de petite taille » fabriqués en Europe, et confirmé une enveloppe de 1,8 milliard d’euros destinée à accélérer la production de batteries sur le continent.

Contexte industriel tendu

Ces débats interviennent alors que le secteur traverse une période difficile, marquée par des annonces de suppressions de postes — notamment en Allemagne — et une compétition mondiale qui oblige les groupes européens à adapter leur stratégie et leurs investissements.

La question clef reste politique : Bruxelles confirmera-t-elle la feuille de route du Green Deal ou concédera-t-elle des marges de manœuvre aux constructeurs pour amortir la transition ? La réponse déterminera l’avenir industriel et social d’un secteur stratégique pour l’économie européenne.

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