Paris — Le parquet de Paris a confirmé vendredi que neuf enquêtes liées à des actions suspectées d’ingérences étrangères sont en cours depuis octobre 2023. Ces dossiers, qui visent des opérations destinées à provoquer des tensions intercommunautaires et à diffuser des messages hostiles, concernent principalement la capitale et sa proche banlieue.
Des attaques symboliques et provocations ciblées
La procureure de Paris, Laure Beccuau, a listé plusieurs types d’actions qui ont motivé ces investigations : tags d’étoiles de David, « mains rouges » peintes sur des lieux de mémoire, jets de peinture verte, pochoirs et affiches provocatrices sur l’Arc de Triomphe, dépôts de cercueils symboliques et, plus récemment, têtes de porc laissées devant des mosquées en Île-de-France.
- Tags d’étoiles de David et mains rouges sur des monuments et lieux de mémoire.
- Pochoirs et affiches mettant en scène des images de soldats ou des slogans pro-russes.
- Dépôts de cercueils sur l’Arc de Triomphe, actes de profanation symboliques.
- Têtes de porc disposées devant plusieurs mosquées en région parisienne.
Ces actions, souvent spectaculaires, ont été perçues comme visant à attiser les divisions au sein de la société française et à provoquer des réactions communautaires.
Mode opératoire et responsabilités
Selon la procureure, certains éléments communs permettent d’établir un lien entre ces affaires : des individus « d’origine étrangère » — souvent venus d’Europe de l’Est — se déplacent brièvement sur le territoire national pour commettre les faits, photographient leurs actions puis transmettent les images à des commanditaires situés à l’étranger.
« Certains commanditaires sont identifiés », a déclaré Mme Beccuau, précisant que, hormis deux dossiers récents encore en instruction, la majorité des enquêtes ont permis d’identifier les auteurs. Plusieurs suspects ont été placés en détention et certains ont été extradés après coopération internationale entre autorités judiciaires.
Procédures et coordination judiciaire
Les neuf dossiers sont centralisés par le parquet de Paris mais certains ont d’abord été traités par des tribunaux périphériques avant d’être dessaisis en raison de liens avec les enquêtes parisiennes. Les autorités judiciaires mettent en avant une coopération internationale pour poursuivre les commanditaires et les exécutants, notamment via des demandes d’extradition et des échanges d’informations entre polices.
Un phénomène pris au sérieux
Le parquet insiste sur la gravité du phénomène : il ne s’agit pas seulement d’actes de vandalisme isolés mais d’opérations coordonnées qui peuvent relever de stratégies d’ingérence et de désinformation étrangères. Ces affaires alimentent les débats sur la sécurité, la protection des lieux de culte et des monuments, ainsi que sur la capacité de l’État à identifier et neutraliser des réseaux étrangers cherchant à manipuler l’opinion et à provoquer des tensions.
Les enquêtes se poursuivent et plusieurs d’entre elles restent en instruction. Les autorités judiciaires et policières ont indiqué qu’elles maintiendront leur vigilance face à ces opérations et renforceront, si nécessaire, leurs coopérations internationales pour faire toute la lumière sur les commanditaires et acteurs impliqués.