Ce 12 septembre 2025, l’agence de notation Fitch publie son évaluation de la dette souveraine française. Moody’s et Standard & Poor’s rendront leurs verdicts dans les semaines suivantes. Ces trois acteurs — souvent appelés les « Big Three » — pèsent lourdement sur la confiance des investisseurs et sur le coût du financement de l’État.
Qui sont ces agences ?
Fitch, Moody’s et Standard & Poor’s sont des entreprises privées, principalement américaines, qui évaluent la capacité des États et des entreprises à honorer leurs dettes. Sur le marché mondial de la notation, ces trois agences traitent environ 95 % de la demande. Leur échelle de notation va de la meilleure note (AAA) aux catégories spéculatives dites « junk » ou obligations pourries.
Leur jugement sert de référence pour une large gamme d’acteurs financiers — banques, assureurs, fonds de pension, gestionnaires d’actifs — et influence indirectement les décisions des banques centrales et certaines réglementations financières.
Qui prête à la France ?
Avec une dette publique qui dépasse aujourd’hui 3 300 milliards d’euros, la France finance ses besoins en émettant des obligations d’État (OAT) sur les marchés. Les principaux prêteurs sont des investisseurs institutionnels : banques, compagnies d’assurances, fonds de pension et gestionnaires d’actifs, basés en Europe, aux États‑Unis et en Asie.
- Actuellement, environ 55 % des obligations assimilables du Trésor sont détenues par des investisseurs étrangers.
- Pour les bons du Trésor à taux fixe, la part détenue par des non‑résidents atteint près de 80 %.
- Le 4 septembre, France Trésor a levé sans difficulté les 11 milliards d’euros dont elle avait besoin, montrant que la demande demeure présente malgré les tensions.
Quel impact d’une dégradation ?
Une baisse de la note par l’une des grandes agences envoie un signal clair : le risque perçu de non‑paiement a augmenté. Concrètement, les effets possibles sont :
- une hausse des taux d’intérêt exigés par les investisseurs pour prêter à l’État ;
- un renchérissement durable du coût du financement public si plusieurs agences dégradent successivement la note ;
- une compression des marges budgétaires : chaque point supplémentaire de taux se traduit par des milliards d’euros de charge additionnelle sur la dette — la charge annuelle actuelle atteint déjà des dizaines de milliards (environ 60 milliards d’euros).
À court terme, une baisse modeste peut avoir un impact limité. Mais pour un pays où la charge de la dette représente une part significative des dépenses publiques, une détérioration prolongée des conditions de financement réduit les marges pour les services publics et les investissements.
Les enjeux pour la France
La notation souveraine reste un indicateur suivi par les marchés et par les autorités. Au‑delà de la seule mécanique financière, elle reflète la perception de la trajectoire budgétaire, du climat politique et de la stabilité économique. Pour l’État, préserver l’accès à des conditions de financement favorables implique de convaincre les investisseurs de la soutenabilité de sa dette.
Dans l’immédiat, les annonces des agences sont donc attentivement surveillées par les opérateurs financiers et les autorités publiques : elles peuvent modifier rapidement l’équilibre des coûts et des décisions en matière de finances publiques.