Giorgio Armani, décédé le 4 septembre 2025 à 91 ans, a inscrit dans son testament des dispositions inédites pour l’avenir de son groupe. Le styliste a demandé à la fondation qui hérite de l’entreprise de céder 15% du capital à un grand acteur du luxe — citant en priorité LVMH, EssilorLuxottica, L’Oréal ou une société de même standing — dans un délai fixé par le volet testamentaire.
Réaction des groupes et mécanisme prévu
Le premier à réagir publiquement a été L’Oréal, partenaire de longue date d’Armani dans les parfums et cosmétiques depuis 1988. Le groupe a indiqué qu’il allait « étudier avec une grande considération » la proposition des héritiers. Les autres candidats potentiels cités par la presse italienne n’ont pas commenté officiellement.
Selon les éléments publiés du testament, la fondation devra céder 15% du capital entre douze et dix-huit mois après l’ouverture du testament. L’actionnaire retenu pourra ensuite, s’il le souhaite, acquérir entre 30% et 54,9% du reste du capital pour prendre le contrôle effectif du groupe.
Qui décidera ?
Le compagnon et bras droit du créateur, Leo Dell’Orco, ainsi que les deux neveux du styliste, Silvana Armani et Andrea Camerana, ont été désignés comme actionnaires de la fondation et seront chargés de choisir le repreneur parmi les candidats envisagés.
- Si la cession ne se réalise pas : le testament prévoit qu’en l’absence de vente, la société sera introduite en Bourse dans un délai de trois à cinq ans après l’ouverture du testament, la fondation conservant alors une part significative.
- Répartition des droits de vote : la fondation disposera de 30% des droits de vote, Leo Dell’Orco détenant 40% des droits de vote, et les neveux 15% chacun, selon les informations publiées.
Actifs et patrimoine légués
Le testament distribue également des participations et des biens immobiliers. Le styliste a laissé ses parts dans EssilorLuxottica, estimées à environ 2% du capital (valorisées autour de 2,5 milliards d’euros), réparties à hauteur de 40% pour Leo Dell’Orco et 60% pour d’autres proches. L’agence immobilière du groupe et plusieurs propriétés ont été attribuées à des proches : usages et usufruits sur des résidences à Saint-Tropez, Saint-Moritz, Antigua, Pantelleria et le palais de la rue Borgonuovo à Milan resteront entre les mains de Dell’Orco, tandis que d’autres biens — y compris certains immeubles à New York — ont été transmis à des collaborateurs de confiance.
Un empire international
Le groupe Armani, qui couvre la haute couture, le prêt-à-porter, les licences parfums et cosmétiques, ainsi que l’hôtellerie, emploie plus de 9 000 salariés (fin 2023) et a réalisé un chiffre d’affaires de 2,3 milliards d’euros en 2024. La marque est présente dans le monde avec plus de 600 magasins et plusieurs gammes (Giorgio Armani, Emporio Armani, A|X Armani Exchange, EA7).
Selon Forbes, Giorgio Armani figurait parmi les personnalités les plus riches d’Italie, avec une fortune personnelle estimée à 11,8 milliards de dollars. Dans ses dernières volontés, le créateur a insisté sur le maintien d’une gestion éthique, d’une exigence de qualité et d’un style « essentiel, moderne, élégant et discret » pour la maison.
La désignation du futur actionnaire — et la possibilité qu’un grand groupe du luxe prenne le contrôle de l’un des derniers grands empires familiaux de la mode italienne — ouvre une période décisive pour l’avenir industriel et stratégique de la marque Armani.
