Fitch abaisse la note de la France à A+ : dette, budget

Fitch a abaissé vendredi soir la note souveraine de la France, la faisant passer de AA- à A+, pointant l’instabilité politique et les incertitudes budgétaires qui pèsent sur la trajectoire des comptes publics.

Motifs invoqués par l’agence

Dans son communiqué, l’agence de notation britannique‑américaine souligne que la chute récente du gouvernement, lors d’un vote de confiance, illustre une fragmentation et une polarisation croissantes de la vie politique française. Pour Fitch, cette instabilité réduit la capacité du système politique à mener une consolidation budgétaire d’ampleur.

L’agence estime qu’il est désormais improbable de ramener le déficit public sous les 3% du PIB d’ici 2029, comme le prévoyait le gouvernement sortant. Fitch prévoit par ailleurs un endettement en hausse, qui pourrait atteindre 121% du PIB en 2027, sans horizon clair de stabilisation dans les années suivantes.

Chiffres préoccupants

  • Dette publique : 113,9% du PIB fin mars (3 345,4 milliards d’euros).
  • Déficit envisagé par le gouvernement Bayrou : 5,4% du PIB en 2025.
  • Estimation de Fitch : déficit supérieur à 5% en 2026 et 2027.

Fitch rappelle que la dégradation n’est pas instantanément synonyme de catastrophe, mais elle alerte sur le risque d’une hausse des taux exigés par les investisseurs. Une dégradation de la note peut encourager certains acteurs à privilégier des titres perçus comme moins risqués, exerçant une pression à la hausse sur les taux français et alourdissant la charge des intérêts sur la dette.

Réactions et contexte politique

Le mouvement intervient quatre jours après la chute du gouvernement Bayrou et la nomination d’un nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, le troisième chef de gouvernement en un an. Lecornu est engagé dans la préparation du budget 2026, dans un calendrier serré et face à des oppositions déterminées, notamment du PS qui demande des revirements sur la réforme des retraites.

Le ministre sortant de l’Économie, Éric Lombard, a dit prendre « acte » de la décision, tout en soulignant « la solidité » de l’économie française. De son côté, l’économiste Lucile Bembaron (Asterès) relève que les marchés ont déjà tiré certaines conclusions : « ce qui compte réellement, ce n’est pas la note attribuée par les agences mais la trajectoire des finances publiques et la capacité de l’Etat à tenir ses engagements ».

Conséquences à court terme

Fitch place désormais la France dans la catégorie « moyenne supérieure » (A+), contre « bonne ou haute » auparavant. L’agence indique avoir assorti cette note d’une perspective stable. Les deux autres grandes agences de notation doivent encore se prononcer : Moody’s le 24 octobre et Standard & Poor’s le 28 novembre, ce qui pourrait entraîner de nouvelles lignes de lecture pour les marchés.

À court terme, la décision devrait peser surtout sur le coût de financement et la confiance des investisseurs. Les intérêts de la dette publique s’élèvent déjà à des montants importants (environ 55 milliards d’euros estimés pour 2025), et une pression supplémentaire sur les taux augmenterait cette facture pour les comptes publics.

En résumé : Fitch sanctionne la France pour son instabilité politique et l’incertitude budgétaire. Le défi qui se présente au nouveau gouvernement est de restaurer la confiance financière tout en gérant un calendrier politique et social tendu.

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