Autriche : trois religieuses octogénaires regagnent leur ancien couvent

Trois religieuses octogénaires sont revenues clandestinement vivre dans leur ancien couvent, le château de Goldenstein près de Salzbourg (Autriche), après avoir été transférées en 2023 dans une maison de retraite sur décision de l’archevêché. L’affaire, rapportée par la BBC et relayée par la presse, a pris un tour inattendu : des anciens élèves et des proches ont aidé les sœurs à retrouver leur lieu de vie historique malgré l’opposition du supérieur local.

Un retour motivé par l’attachement au lieu

Selon les témoignages, Sœur Bernadette, Sœur Regina et Sœur Rita — toutes âgées d’environ 80 ans et plus — ont décidé début septembre de reprendre possession de leurs chambres au château de Goldenstein, établissement qui servait depuis 1877 de pensionnat tenu par leur congrégation. Les trois religieuses y vivaient depuis des décennies : Sœur Bernadette était arrivée en 1948, Sœur Regina en 1958 et Sœur Rita en 1962.

Conflit avec la hiérarchie diocésaine

Le diocèse de Salzbourg a repris la gestion du château en 2022 et a confié le site à des moines augustiniens de l’abbaye de Reichersberg. L’ordre des sœurs a ensuite été dissous, mais les religieuses conservaient un droit de résidence à vie, «tant que leur santé et leurs facultés intellectuelles leur permettraient d’y vivre», précise la BBC.

En décembre 2023, l’archevêché a décidé de transférer les trois femmes dans une maison de retraite catholique. L’événement a été contesté par les sœurs et par certains anciens élèves. Le père abbé Markus Grasl, supérieur des augustiniens en charge du site, a condamné leur retour comme une «décision complètement incompréhensible» et une «escalade», arguant que les chambres n’étaient plus salubres et que les sœurs ne pouvaient plus vivre de manière autonome.

Une évacuation devenue fugue organisée

  • Les religieuses se seraient organisées avec l’aide d’anciens élèves et d’un serrurier après que leurs serrures aient été changées.
  • À leur arrivée, l’eau et l’électricité étaient coupées ; des proches ont aidé à rétablir les services et leur ont apporté des vivres.
  • Un médecin a rendu visite aux trois sœurs pour évaluer leur état de santé, selon les informations disponibles.

Interrogée par la journaliste de la BBC, Sœur Bernadette a résumé son geste par ces mots : «J’ai été obéissante toute ma vie, mais là c’était trop!» Une autre déclaration traduit l’attachement au lieu : «Plutôt que de mourir dans ma maison de retraite, je préférais retourner dans un pré et entrer ainsi dans l’éternité!»

État actuel et réactions

Le père abbé a souligné les risques sanitaires et la difficulté pour les religieuses de vivre sans assistance permanente. Du côté des soutiens des sœurs, d’anciens élèves estiment que Goldenstein «sans les sœurs, ce n’était pas possible», et ont fourni aide matérielle et humaine pour leur réinstallation temporaire.

Pour l’heure, la situation reste tendue entre la communauté locale et les autorités diocésaines. L’affaire illustre les questions soulevées par la gestion des communautés religieuses vieillissantes et par la conciliation entre décisions institutionnelles et attachement des personnes aux lieux de vie traditionnels.

Sources : BBC, témoignages locaux et communiqué du supérieur de l’abbaye de Reichersberg.

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