Shein, Temu : fédérations pressent l’UE d’agir en Europe

Plusieurs fédérations européennes du textile et de l’habillement ont adressé une lettre commune à la Commission européenne, réclamant des « actions d’urgence » pour freiner l’essor de la mode ultra-éphémère portée par des plates-formes comme Shein ou Temu. Le texte, consulté par la presse, doit être signé mardi lors du salon Première Vision à Paris puis transmis aux institutions européennes.

Un modèle jugé contraire aux règles de l’UE

Les signataires, emmenés par l’organisme Euratex et des fédérations nationales (France, Italie, Espagne, Allemagne, Grèce, Suisse, Belgique, Portugal…), alertent sur la « montée en puissance » de ces acteurs du e-commerce et citent un volume d’importation estimé à 4,5 milliards de colis en 2024 dans l’Union européenne.

Ils estiment que le modèle économique de ces plateformes «contradit les règles en vigueur» sur le continent, en pointant notamment la fraude à la TVA, la violation des droits de propriété intellectuelle et des pratiques commerciales trompeuses.

Des mesures réclamées «sans délai»

Pour endiguer la «hausse sans précédent des déchets textiles» et la «pression intenable sur les entreprises européennes», les fédérations demandent à la Commission de prendre des mesures immédiates. Leurs principales revendications :

  • Mettre en place immédiatement la réforme du Code des douanes européen, notamment la suppression de l’exonération des droits de douane pour les colis d’un montant inférieur à 150 euros.
  • Accélérer et renforcer les enquêtes en cours contre les plates-formes concernées et appliquer «les sanctions les plus lourdes» prévues par le droit européen en cas d’infraction.
  • Exiger que les plates-formes d’e-commerce désignent des représentants légalement autorisés dans l’UE afin de pouvoir les tenir responsables.
  • Instaurer des frais sur les petits colis pour financer des contrôles douaniers plus efficaces.
  • Engager un dialogue avec les autorités chinoises à propos de pratiques commerciales jugées contraires aux objectifs environnementaux et réglementaires.

Un signal politique renforcé

Les fédérations rappellent que, depuis plusieurs mois, associations environnementales, ONG de défense des droits humains, entreprises et autorités nationales multiplient enquêtes, propositions législatives et sanctions financières visant ces acteurs asiatiques du commerce en ligne. À leurs yeux, ces démarches restent insuffisantes et l’UE doit, selon eux, agir plus vite et plus fort.

Le président d’Euratex, Mario Jorge Machado, estime que l’Union «a à la fois les moyens et le devoir d’agir dès maintenant». Du côté français, le gouvernement avait déjà écrit fin août à la Commission pour réclamer de nouveaux pouvoirs de déréférencement à l’encontre des plates-formes en infraction, en citant explicitement Shein.

Conséquences pour l’industrie européenne

Les fédérations mettent en avant deux conséquences : l’impact environnemental (montée des déchets textiles liée à l’«ultra fast fashion») et la mise en difficulté des acteurs industriels et commerciaux européens, contraints de faire face à une concurrence qu’ils jugent déloyale.

Les mesures demandées visent à rééquilibrer le marché, renforcer les contrôles douaniers et fiscales, et permettre aux entreprises européennes de rivaliser sur des bases conformes au cadre réglementaire de l’UE.

La lettre commune sera suivie de près par les acteurs du secteur et par les autorités européennes, qui doivent désormais décider si elles traduiront ces demandes en actions rapides et contraignantes.

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