Le procès de trois femmes revenues de Syrie et accusées d’appartenance à l’organisation État islamique s’est ouvert lundi 15 septembre devant la cour d’assises spéciale de Paris. Au centre des débats : Jennyfer Clain, 34 ans, nièce de Jean‑Michel et Fabien Clain, figures de la propagande de l’EI.
Admissions et regrets à la barre
Interrogée dès l’ouverture, Jennyfer Clain a déclaré ne pas vouloir nier les faits. « J’ai adhéré à ce groupe terroriste, tueur. Je suis coupable. Je regrette tellement, mais je ne peux pas revenir en arrière », a‑t‑elle affirmé, vêtue sobrement, devant les magistrats. Sa déclaration marque le ton d’une audience qui doit durer jusqu’au 26 septembre.
Les trois prévenues et les chefs d’accusation
Aux côtés de Jennyfer Clain comparaissent Christine Allain, 67 ans, et Mayalen Duhart, toutes deux poursuivies pour association de malfaiteurs en vue d’une entreprise terroriste. Mayalen Duhart est la seule des trois à comparaître libre ; elle a précisé qu’elle travaillait désormais comme salariée en boulangerie. Les trois femmes encourent jusqu’à trente ans de réclusion criminelle.
- Accusations principales : association de malfaiteurs terroriste.
- Autres chefs : soustraction aux obligations parentales pour avoir emmené des enfants « dans une zone en guerre ».
Un départ pour Raqqa en 2014
Les trois prévenues s’étaient rendues en Syrie en 2014, en plein conflit, pour rejoindre le groupe État islamique. Jennyfer Clain avait alors rejoint son mari Kevin Gonot, marié à 16 ans sur décision de son oncle Jean‑Michel Clain. Sur place vivait déjà Christine Allain, la mère de Kevin, convertie à l’islam quelques années auparavant.
Les juges d’instruction ont relevé que les trois femmes « se sont maintenues de manière durable » au sein de groupes djihadistes et ont profité, selon l’enquête, de salaires ou de logements fournis par l’organisation. Après la chute de Raqqa, elles ont erré le long de l’Euphrate avant d’être interpellées en Turquie.
Arrestation et retour en France
Les trois femmes ont été arrêtées en 2019 dans la province turque de Kilis et expulsées vers la France en septembre 2019, accompagnées de neuf enfants âgés de 3 à 13 ans. Leur interpellation faisait suite à deux années d’itinérance après la perte des territoires par l’EI.
Par ailleurs, Kevin Gonot et Thomas Collange (membre proche de la famille) avaient été arrêtés lors de la retraite. Kevin Gonot avait été condamné à mort en Irak en 2019 — peine ensuite commuée en détention à perpétuité.
Positions de la défense
L’avocat de Christine Allain, Me Édouard Delattre, a indiqué que sa cliente était « apaisée », et qu’elle avait « beaucoup travaillé sur elle‑même », rencontré des professionnels en détention et préparé un projet de réinsertion. Selon sa défense, Christine regrette désormais la personne qu’elle était devenue.
Une procédure lourde et attendue
Le procès — qui se tient devant la cour d’assises spéciale de Paris — examine non seulement la participation aux groupes djihadistes, mais aussi la responsabilité des prévenues quant à la mise en danger et au déplacement de mineurs vers une zone de guerre. Les débats se dérouleront sur plusieurs journées, l’instruction ayant mis en lumière la durée et la nature des engagements de ces femmes au sein de l’EI.
La cour doit se prononcer à l’issue des audiences qui s’achèveront le 26 septembre. Les éléments produits par l’accusation et les témoignages visent à établir la part exacte de responsabilité de chacune dans l’entreprise terroriste et dans la mise en danger des enfants qui les accompagnaient.