La femme de la directrice d’école de Moussages annonce une plainte contre l’Éducation nationale pour manquements.
Une plainte annoncée après un drame
Christine Paccoud, épouse de Caroline Grandjean, a annoncé qu’elle déposera plainte contre l’Éducation nationale pour « manquements » après le suicide de sa compagne, directrice d’une école primaire à Moussages (Cantal). Caroline Grandjean, 42 ans, s’est donné la mort le 1er septembre, jour de la rentrée scolaire, après avoir été victime selon les proches d’un harcèlement lié à son homosexualité.
Dans un entretien publié par les titres du groupe EBRA, Mme Paccoud explique vouloir obtenir la reconnaissance du statut de victime pour son épouse et la reconnaissance des responsabilités de ceux qui, selon elle, n’ont pas agi suffisamment pour protéger Caroline.
Les faits établis
- Des inscriptions homophobes avaient été découvertes sur les murs de l’école de Moussages, y compris les tags « sale gouine » et « gouine = pédophile ».
- La directrice était en arrêt maladie et avait reçu une proposition de poste à quelques kilomètres, mais n’était pas en mesure de reprendre immédiatement.
- Une enquête avait été ouverte après la découverte des inscriptions, puis classée sans suite en mars 2025 « en l’absence de nouveaux faits », selon le parquet.
- Le ministère de l’Éducation nationale a diligenté une enquête administrative sur le décès.
Dans son témoignage, Mme Paccoud évoque avoir retrouvé des écrits de sa compagne relatant le harcèlement subi et les réactions supposées de différents acteurs, dont la mairie et l’institution scolaire. « Quand j’ai lu ça, je me suis dit : quel acharnement », confie-t-elle.
Réactions locales et syndicales
Le drame a suscité une vive émotion dans le monde enseignant et au-delà. Des syndicats ont pointé du doigt un manque de protection des personnels face aux agressions et une culture du « pas de vague » qui, estiment-ils, empêche une prise en charge efficace des situations de harcèlement.
Les habitants du village de 200 âmes ont également été mis en lumière dans la couverture médiatique, certaines voix exprimant surprise et doutes, d’autres appelant à une réflexion sur la prévention et la prise en charge des victimes dans les établissements ruraux.
Procédure à venir
Mme Paccoud doit rencontrer en fin de semaine une délégation de l’Éducation nationale. Elle annonce déposer une plainte pour « manquements » qui devrait déclencher des vérifications supplémentaires et alimenter l’enquête administrative déjà ouverte par le ministère.
Le parquet, qui a classé sans suite l’affaire des inscriptions en mars faute de nouveaux éléments, reste l’autorité de référence pour toute suite judiciaire éventuelle. Pour l’heure, la plainte annoncée par l’épouse vise à faire établir des responsabilités et obtenir une reconnaissance officielle du harcèlement subi par la directrice.
Ce drame soulève des questions sur la protection des personnels éducatifs en milieu rural, la prévention du harcèlement et la manière dont les institutions traitent les signalements de violences liées à l’orientation ou l’identité sexuelle.
Notre rédaction suivra les suites de la procédure et les éléments officiels communiqués par les autorités compétentes.