IA : un tiers des emplois publics menacés, étude mondiale

Une étude du cabinet Roland Berger publiée vendredi alerte sur l’impact majeur de l’intelligence artificielle générative sur l’emploi public au niveau mondial.

36 % des postes exposés, 125 millions d’ETP concernés

Pour parvenir à ce constat, Roland Berger a analysé 450 métiers du secteur public selon la classification du Bureau international du travail (BIT). Les emplois étudiés représentent environ 351 millions de postes dans le monde. Le cabinet estime que 36 % de ces emplois seront exposés à des changements significatifs, soit près de 125 millions d’équivalents temps plein (ETP).

Automatisation et « augmentation » des tâches

L’étude distingue deux types d’impact : l’automatisation complète de certaines fonctions et l’« augmentation » d’emplois où l’IA assiste les agents publics en prenant en charge des tâches périphériques. Roland Berger chiffre ainsi :

  • 7,5 % des emplois du secteur public pourraient être entièrement automatisés, principalement des fonctions de bureautique ;
  • 22 % des emplois pourraient être « augmentés » par l’IA, avec l’apparition de nouvelles fonctions ou la délégation de tâches répétitives.

Parmi les métiers les plus exposés figurent les assistants administratifs, les secrétaires, les agents des centres d’appels, mais aussi certaines fonctions des douanes, des services fiscaux ou des secrétariats juridiques. L’IA pourrait, par exemple, être utilisée pour la détection automatisée de fraudes fiscales ou pour traiter des demandes administratives répétitives.

Des secteurs touchés différemment

Le rapport souligne que l’impact variera selon les secteurs. Le domaine de la santé devrait bénéficier d’une amélioration des traitements administratifs et d’outils d’aide au diagnostic ou à la personnalisation des soins, mais les métiers d’aide à la personne resteront en grande partie peu concernés par l’automatisation en raison de la forte dimension humaine.

Conversion professionnelle et formation : un défi pour les pouvoirs publics

Alain Chagnaud, auteur de l’étude, rappelle que le déploiement de l’IA prendra du temps et nécessitera des investissements. Il préconise que les pouvoirs publics anticipent ces transformations en mettant en place des politiques de conversion professionnelle et de formation pour repositionner les agents sur des tâches à forte valeur ajoutée humaine : médiation, relations de terrain, contrôle stratégique, etc.

Le cabinet insiste également sur la nécessité d’accompagner les agents confrontés à la transformation numérique par des dispositifs de reconversion et de montée en compétences, afin d’éviter des ruptures d’emploi massives et de préserver la qualité du service public.

Questions éthiques et pratiques

Outre l’enjeu social, l’adoption de l’IA dans le secteur public pose des questions d’éthique, de transparence et de sécurité des données. La confiance des usagers et la fiabilité des outils devront être garanties pour que leur usage se généralise.

En synthèse, l’étude de Roland Berger met en garde : l’IA générative bouleverse déjà les contours de l’emploi public et exige une réponse politique et opérationnelle pour former, reconvertir et protéger les agents tout en tirant parti des gains de productivité.

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