Procès à Laon : accusé nie le meurtre de Nadège Desnoix (1994)

Laon (Aisne) — Pascal Lafolie, 58 ans, a nié être l’auteur du meurtre de la lycéenne Nadège Desnoix lors du premier jour de son procès, lundi devant la cour d’assises de Laon. L’affaire, un des « cold cases » les plus anciens jugés ces dernières années en France, remonte à 1994.

Le crime et la réouverture de l’enquête

Fin mai 1994, le corps de la jeune Nadège, 17 ans, avait été retrouvé sur un chemin menant à son lycée de Château-Thierry (Aisne). La victime présentait de nombreuses blessures par arme blanche. Les enquêteurs n’avaient pas constaté d’agression sexuelle sur le corps. Près de la scène, une cordelette et une rose fraîchement cueillie avaient été relevées.

Longtemps au point mort faute d’éléments, l’enquête a été relancée et, en 2021, de nouvelles expertises ont permis d’identifier un ADN sur un chouchou porté par la victime. Cet ADN a été rapproché d’un prélèvement prélevé sur Pascal Lafolie dans le cadre d’une affaire de violences conjugales.

À la barre : mémoire défaillante et version changeante

Au procès, l’accusé est resté sur une ligne de défense confuse : il a reconnu « avoir été sur les lieux » mais a affirmé à plusieurs reprises que « ce n’est pas moi qui l’ai tuée, c’est mon frère ». Il a expliqué avoir voulu « se mettre entre eux » et avoir reçu un coup à la tête avant de perdre tout souvenir des faits.

Les juges et la présidente de la cour ont souligné ses déclarations contradictoires et ses absences de mémoire sur des éléments sensibles. Lors de sa garde à vue en 2021, il avait d’abord déclaré aux enquêteurs qu’il « ne pensait pas que ça finirait en meurtre pour une fellation », phrase qu’il a ensuite tentée de minimiser en parlant d’un mélange avec d’autres affaires.

Des antécédents et des témoignages accablants

Pascal Lafolie a un lourd passé judiciaire. Il a été condamné en 1996 à quatre ans de prison pour l’agression sexuelle d’une adolescente de 14 ans et en 2000 à douze ans de prison pour le viol d’une femme de 21 ans. Deux de ces victimes ont été entendues lundi par visioconférence et ont décrits des passages à l’acte très proches dans leur modalité, renforçant, selon l’accusation, le faisceau d’indices.

Des proches ont également décrit un homme au « double visage », parfois « ange », parfois « démon », évoquant violences et impulsivité. La petite sœur de l’accusé a déclaré à la barre que leurs frères avaient, quand elle avait 12-13 ans, tenté de la violer, accusation qui décrit un climat familial lourd.

Enquête génétique et piste du frère

La famille de l’accusé a mis en avant l’hypothèse d’une implication du frère aîné, décédé en 2021. Le corps de ce frère a été exhumé en 2024 pour un prélèvement ADN, mais aucune correspondance n’a été établie avec les profils génétiques retrouvés sur les vêtements de Nadège Desnoix.

L’avocate de la défense, Me Justine Devred, a présenté son client comme un homme « influençable » et a évoqué, à titre de contestation, des pressions ou manipulations lors des auditions. Du côté de la famille de la victime, William Desnoix, frère de Nadège et partie civile, a exprimé son attente d’une « très lourde condamnation » pour obtenir « une vraie réponse de la justice ».

Peine encourue et suite du procès

Si la cour retient la culpabilité de Pascal Lafolie à l’issue des débats, qui doivent se poursuivre jusqu’à jeudi, il encourt jusqu’à 30 ans de réclusion criminelle. Le procès se déroule à Laon et devra, au terme des débats, apporter des réponses à une affaire vieille de plus de trente ans.

  • Victime : Nadège Desnoix, 17 ans, retrouvée en mai 1994.
  • Accusé : Pascal Lafolie, 58 ans, renvoyé devant les assises après identification ADN.
  • Lieu du procès : Cour d’assises de Laon, Aisne.
  • Peine encourue : jusqu’à 30 ans de réclusion criminelle si reconnu coupable.

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