À New York, Emmanuel Macron a officiellement reconnu l’État de Palestine lundi, provoquant une onde de choc diplomatique internationale. Son discours à l’Assemblée générale de l’ONU – salué par une ovation debout – intervient alors que la guerre à Gaza entre dans sa deuxième année et que la colonisation en Cisjordanie se poursuit.
Une décision suivie et controversée
La reconnaissance française a été suivie par plusieurs pays occidentaux, dont le Royaume-Uni et le Canada, et a rassemblé un large parterre de dirigeants et de diplomates: présidents du Brésil, de la Turquie, d’Afrique du Sud et d’Indonésie; premiers ministres d’Australie, du Canada, d’Espagne, de Belgique et d’Irlande; ainsi que des monarques et des chefs d’État régionaux et le secrétaire général de l’ONU. En revanche, les États-Unis et Israël ont boycotté la conférence.
Rupture nette avec Washington
La presse américaine a souligné l’ampleur du basculement. Le New York Times a qualifié la démarche de «rupture avec Washington», notant l’isolement croissant d’Israël et des États-Unis sur cette question. Le Washington Post rapporte que des hauts responsables américains ont multiplié les efforts pour contrer l’initiative française: des consignes ont été envoyées aux ambassades et certains élus ont dénoncé la décision comme un «cadeau fait au Hamas». Malgré la pression, la France a réussi à réunir un large soutien international.
Échos en Europe: divisions révélées
Les réactions européennes reflètent des divisions profondes. Au Royaume‑Uni et en Australie, les gouvernements ont présenté la reconnaissance comme une étape vers l’autodétermination palestinienne et un moyen de marginaliser le Hamas. En Espagne, la presse note des critiques à droite et dans certains segments de la gauche, soulignant un paradoxe politique où des forces nationalistes expriment un soutien à Israël pour des motifs identitaires.
En Allemagne, les journaux évoquent un «dilemme»: Berlin, sensible à sa responsabilité historique envers Israël, se trouve sous pression internationale croissante. La presse allemande insiste toutefois sur l’importance de ne pas laisser la question tourner à une approbation sans condition des politiques de Tel‑Aviv.
Conséquences et limites
Au-delà du symbole, la reconnaissance ouvre des questions pratiques: comment et où établir des représentations diplomatiques, quel statut donner aux institutions sur le terrain, et surtout si ce geste améliorera la vie quotidienne des Palestiniens confrontés à la guerre, au blocus et à l’expansion des colonies. De nombreux observateurs rappellent que plus de 150 pays reconnaissent déjà la Palestine, mais que la reconnaissance ne règle pas les réalités militaires et humanitaires sur le terrain.
En France
La décision d’Emmanuel Macron fait également débat à l’intérieur du pays: elle suscite autant d’acclamations que d’oppositions, y compris de la part de formations de droite et d’extrême droite qui se positionnent parfois en défense d’Israël pour des motifs variés. Le gouvernement devra désormais naviguer entre enjeux diplomatiques internationaux et tensions intérieures.
En résumé : la reconnaissance de la Palestine par la France marque un tournant diplomatique notable et met en lumière les fractures au sein de l’Occident sur la gestion du conflit israélo‑palestinien. Si le geste est historique, ses effets concrets resteront à mesurer face à une situation humanitaire et politique toujours explosive.