New York — Devant l’Assemblée générale de l’ONU, Emmanuel Macron a annoncé, lundi, que la France reconnaissait officiellement l’État de Palestine. L’annonce, faite lors d’une conférence conjointe avec l’Arabie saoudite dans la salle de l’Assemblée générale, a ouvert la semaine de débats à New York et déclenché de vives réactions internationales.
Les mots du président
«Le temps de la paix est venu», a déclaré le président français, proclamant que «la France reconnaît aujourd’hui l’État de Palestine», sous les applaudissements. Macron a placé cette décision dans le cadre de la recherche d’une solution à deux États, en insistant sur la nécessité d’arrêter les combats à Gaza, de sauver les vies des civils et de libérer les otages détenus par le Hamas.
Le chef de l’État a rappelé l’histoire diplomatique — la décision de 1947 sur le partage entre deux États — et a affirmé que la reconnaissance était une manière de réaffirmer que «le peuple palestinien n’est pas un peuple en trop» tout en assurant que cela «n’enlève rien aux Israéliens».
Conditions et engagements
- La France conditionne l’ouverture d’une ambassade à la libération des otages et au démantèlement du Hamas, exigeant son désarmement.
- Macron a décrit un processus en plusieurs étapes: cessez-le-feu, stabilisation, reconstruction de Gaza et mise en place d’une administration de transition intégrant l’Autorité palestinienne.
- Paris se dit prêt à soutenir une mission internationale de stabilisation et à participer, avec des partenaires européens, à la formation et à l’équipement de forces de sécurité palestiniennes, si ces déploiements obtiennent le consentement des autorités concernées, y compris israéliennes.
Réactions internationales
Si plus d’une centaine d’États membres de l’ONU reconnaissent déjà l’État palestinien, la France devient la première puissance occidentale et le premier membre permanent du Conseil de sécurité à franchir officiellement le pas. Plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et le Portugal, ont indiqué qu’ils pourraient emboîter le pas.
Les États-Unis, en revanche, ont exprimé leur mécontentement. Une porte-parole de la Maison Blanche a rapporté que le président Trump estime que la décision française pourrait constituer «une récompense pour le Hamas». La délégation palestinienne n’a par ailleurs pas reçu de visas américains pour assister à l’Assemblée générale.
Israël a réagi durement: Benyamin Netanyahou a réaffirmé son refus d’un État palestinien et a menacé d’étendre les implantations en Cisjordanie. À Paris, la décision diplomatique risque d’attiser les tensions avec Tel-Aviv.
Pourquoi maintenant?
Macron a justifié le calendrier par l’urgence humanitaire et la crainte d’une détérioration irréversible de la situation: expulsion massive de population, annexion de territoires ou disparition des otages. Il a affirmé que la reconnaissance vise aussi à affaiblir la position politique du Hamas et à réduire les forces qui «attisent la haine antisémite».
Sur le terrain diplomatique, la démarche constitue un pari: faire pression pour relancer une dynamique en faveur de la solution à deux États, tout en assumant le risque d’un durcissement des relations avec les alliés qui ne partagent pas cette approche.
En bref: la France a officiellement reconnu l’État de Palestine à l’ONU à New York; Paris pose des conditions strictes (libération des otages, désarmement du Hamas) et propose un soutien international pour la stabilisation et la reconstruction, au risque d’un affrontement diplomatique avec les États-Unis et Israël.