Boris Vallaud, chef de file des députés socialistes, a lancé un avertissement clair dimanche lors du «Grand Jury RTL-Le Figaro-M6-Public Sénat» : il n’exclut «aucune hypothèse», y compris une motion de censure dès le discours de politique générale, si le gouvernement ne change pas profondément sa trajectoire budgétaire pour 2026.
Un message adressé à Matignon
Quatre jours après la rencontre entre les dirigeants du Parti socialiste et le Premier ministre Sébastien Lecornu, les élus PS disent rester dans l’expectative. Rue de Varenne, les socialistes affirment ignorer encore les grandes orientations financières envisagées par l’exécutif. Cette incertitude alimente la menace d’une rupture parlementaire annoncée par M. Vallaud.
Interrogé sur la possibilité d’une censure, Vallaud a répété sa fermeté : «On n’exclut aucune hypothèse, ni celle d’un changement radical de la part du gouvernement ni celle d’une censure». Il a mis la pression sur le chef du gouvernement en lui demandant d’opérer une rupture de méthode et d’orientation pour espérer un accord de non-censure avec les socialistes.
Les conditions posées par le PS
Sans parler de négociation en cours — le groupe socialiste affirme ne pas connaître «les latitudes» de Matignon — Boris Vallaud a toutefois énoncé des priorités :
- une inflexion nette des choix budgétaires annoncés pour 2026 ;
- une prise en compte des revendications exprimées lors des récentes mobilisations syndicales ;
- la mise en œuvre de mesures de «justice fiscale», citées par M. Vallaud, à l’image de la taxe dite Zucman (imposition de 2 % par an sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros) ;
- une révision de la réforme des retraites, qualifiée de chantier prioritaire par le député des Landes.
Vallaud a aussi appelé Emmanuel Macron à «tirer les conséquences» de la défaite parlementaire subie par la majorité, estimant que le gouvernement doit rompre avec des certitudes qui, selon lui, ont montré leurs limites.
Stratégie politique et calendrier
Au-delà de la tactique parlementaire, le PS affiche sa volonté d’occuper l’espace politique et de proposer des réponses immédiates aux Français, «tout de suite et pas seulement en attendant 2027». Le chef du groupe socialiste a rappelé qu’aucun rendez-vous nouveau n’était programmé pour l’instant avec Sébastien Lecornu.
La possibilité d’une motion de censure plane donc sur les prochaines semaines, selon les déclarations publiques de M. Vallaud. Reste à savoir si le PS maintiendra la ligne de rupture ou si des concessions gouvernementales permettront de désamorcer la crise avant le discours de politique générale.
Contexte : cette prise de position intervient alors que le projet de budget 2026 est l’un des premiers grands rendez-vous du nouveau gouvernement, et que l’équilibre entre maîtrise des comptes et réponses aux attentes sociales demeure au cœur des tensions politiques.