Paris, 23 septembre 2025 — Le grand magasin La Samaritaine, propriété du groupe LVMH, a été sanctionné par la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) pour avoir installé des caméras dissimulées dans ses réserves afin de filmer des salariés, a annoncé la Cnil mardi. L’établissement écope d’une amende de 100 000 euros pour plusieurs manquements au RGPD.
Ce que reproche la Cnil
Selon la commission, des caméras installées en août 2023 dans les réserves du magasin prenaient l’apparence de détecteurs de fumée et enregistraient également du son. Les dispositifs avaient été mis en place au motif d’une hausse des vols de marchandises dans les réserves. Découvertes par des salariés, les caméras ont été retirées en septembre 2023, puis une plainte a été déposée et la Cnil saisie.
- Absence d’analyse préalable de conformité au RGPD avant l’installation des caméras;
- Manque de documentation justifiant le caractère temporaire du dispositif;
- Enregistrement sonore jugé excessif par la Cnil;
- La déléguée à la protection des données (DPO) n’a été informée que plusieurs semaines après le déploiement des caméras.
Les règles rappelées
La Cnil rappelle que « les caméras de vidéosurveillance filmant les salariés doivent être visibles et non dissimulées ». Elle précise toutefois que, dans des circonstances exceptionnelles et sous conditions strictes, un responsable de traitement peut installer temporairement des caméras non visibles par les salariés, à condition d’analyser la compatibilité du dispositif avec le règlement européen et d’en documenter le caractère temporaire et les garanties prises. Dans ce dossier, ces obligations n’ont pas été respectées, relève la commission.
Réactions et portée
Le groupe LVMH et la direction de La Samaritaine n’ont pas été cités pour commentaire dans le communiqué de la Cnil publié mardi. La décision souligne la tension persistante entre la lutte contre le vol en magasin et la protection de la vie privée des salariés, un enjeu juridique et éthique majeur pour les enseignes de distribution et les grands magasins parisiens.
Pour les spécialistes de la conformité, cette sanction rappelle l’importance d’une démarche documentée et proportionnée lorsqu’une entreprise met en place des moyens de surveillance. L’enregistrement audio, en particulier, soulève des exigences renforcées en matière de justification et de limitation de la portée des captations.
Cette affaire vient s’ajouter à une série de contrôles et sanctions visant l’usage de la vidéosurveillance en milieu professionnel, et pourrait amener d’autres groupes à revoir leurs procédures internes pour éviter des sanctions similaires.
En résumé : La Samaritaine est condamnée à 100 000 euros par la Cnil pour l’installation de caméras déguisées dans ses réserves, l’enregistrement sonore excessif et l’absence d’analyses et de documentation conformes au RGPD.