Washington. L’ancien directeur du FBI James Comey, limogé en 2017 alors qu’il enquêtait sur les ingérences russes, a été récemment inculpé pour entrave à la justice et fausses déclarations. À 64 ans, celui qui a longtemps incarné l’indépendance de la police fédérale se retrouve au cœur d’une nouvelle confrontation judiciaire et politique.
Un parcours marqué par des épisodes-clés
Né en 1960 à New York et élevé dans le New Jersey, James Comey a construit une carrière juridique et judiciaire remarquée. Après des études de droit à l’université de Chicago, il a été assistant de juges fédéraux avant d’intervenir comme conseiller dans des enquêtes politiques importantes dans les années 1990 et 2000, notamment sur Whitewater et la grâce controversée de Marc Rich.
Sa trajectoire l’a mené au Département de la Justice sous la présidence de George W. Bush, où il a refusé en 2004 de valider un programme de surveillance qu’il jugeait illégal. Il est ensuite passé par le privé (Lockheed Martin, HSBC) avant d’être nommé directeur du FBI par Barack Obama en 2013.
L’épisode des e‑mails d’Hillary Clinton
James Comey s’est retrouvé sous le feu des critiques en 2016 pour sa gestion de l’affaire des e‑mails privés d’Hillary Clinton. En juillet 2016, il a recommandé de ne pas poursuivre la candidate démocrate tout en la qualifiant d’« extrêmement négligente ». Mais sa décision de rouvrir l’enquête onze jours avant l’élection a été jugée par un rapport officiel de 2018 comme une « grave erreur de jugement », même s’il était blanchi quant à son impartialité.
Rupture avec Donald Trump
Le conflit avec Donald Trump a culminé en mai 2017, lorsque le président de l’époque a limogé Comey alors que celui-ci enquêtait sur d’éventuelles ingérences russes. Les échanges publics entre les deux hommes ont été virulents. Donald Trump a multiplié les attaques — le traitant notamment de « visqueux », de « détraqué » et d’« un des pires êtres humains » — tandis que James Comey a dénoncé dans ses mémoires un comportement qu’il compare à des pratiques d’organisation criminelle, jugeant le président « moralement inapte ».
Les accusations et l’enjeu judiciaire
L’inculpation annoncée vise un témoignage devant le Sénat en septembre 2020, que le ministère de la Justice considère comme comportant des déclarations mensongères. Selon les textes disponibles, Comey encourt une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison. L’annonce est par ailleurs intervenue dans un climat politique tendu : Donald Trump s’est publiquement félicité de l’enquête, appelant la justice à poursuivre ses adversaires.
Ce que retient l’histoire
- Figure controversée : Comey est apparu à la fois comme un garant de l’indépendance judiciaire et comme une figure dont les choix ont pesé sur des scrutins nationaux.
- Affaires déterminantes : l’affaire Clinton et l’enquête sur la Russie demeurent des épisodes centraux de sa carrière.
- Nouvelle étape : son inculpation relance un affrontement politique qui dépasse le seul cas personnel et interroge la relation entre justice et luttes partisanes aux États-Unis.
James Comey, qui a clamé son innocence après l’inculpation, reste une personnalité-clé de l’actualité américaine. Son dossier va désormais suivre le cours de la procédure pénale, tandis que sa place dans la mémoire politique américaine continue d’être débattue des deux côtés de l’Atlantique.
Sources : dépêche d’actualité et archives publiques sur la carrière de James Comey.