Bram (Aude) — Les «Rencontres de la gauche», organisées samedi à Bram par la présidente socialiste d’Occitanie Carole Delga, ont mis en lumière les divisions persistantes du camp progressiste. Alors que la question d’une motion de censure contre le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu occupe les esprits, les cadres socialistes, écologistes et divers responsables de la gauche ont surtout débattu entre eux de l’avenir et de la place de La France insoumise.
Un rendez-vous de toute la gauche… sauf quelques absents
La petite ville de l’Aude a accueilli selon les organisateurs quelque 2 500 participants pour cette plénière destinée à préparer la recomposition de la gauche. Sont venus prendre la parole Olivier Faure (présent quelques heures), Marine Tondelier, Raphaël Glucksmann et d’autres figures du centre-gauche et des Verts. En contrepoint, plusieurs anciens responsables insoumis purgés après les législatives — Clémentine Autain, François Ruffin, Alexis Corbière — n’ont pas répondu à l’appel.
La censure en toile de fond
Au lendemain d’une interview où le Premier ministre Sébastien Lecornu a écarté la plupart des propositions de la gauche, la possibilité d’un vote de censure a dominé les échanges. Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a affirmé que la décision du groupe parlementaire serait prise rapidement et a laissé entendre une inclinaison actuelle en faveur de la censure. Une réunion annoncée à Matignon vendredi prochain est déjà présentée par certains comme «le rendez-vous de la dernière chance».
Mélenchon, point de rupture
Malgré l’urgence de la discussion sur Lecornu, les orateurs se sont retrouvés à polémiquer sur Jean‑Luc Mélenchon et la place de LFI dans une éventuelle primaire ou unité de la gauche. Jean‑Luc Mélenchon lui‑même a réagi sur ses réseaux sociaux en dénonçant l’attitude de certains à Bram : «À Bram autour de Carole Delga, la femme de l’A69 favorable à l’interdiction des manifestations pour la Palestine, une certaine gauche consacre ses efforts à dénigrer LFI en pleurant pour l’unité. Irresponsables et dangereux.»
Raphaël Glucksmann, arrivé en tête à gauche lors des dernières européennes avec 13,8 % des voix, a refusé d’entrer dans une primaire incluant Mélenchon. «Si on fait une primaire et qu’on invite Jean‑Luc Mélenchon, ça veut dire qu’on imagine que, s’il gagne, on va être derrière lui. Dans ce moment‑là de l’histoire, c’est non», a‑t‑il déclaré sous les applaudissements.
- Points saillants : la possible censure de Lecornu pèse sur les débats.
- Tensions internes : divergences entre socialistes, écologistes et centre‑gauche sur la stratégie envers LFI.
- Enjeux locaux : crispations sur des projets d’infrastructures (A69, LGV Bordeaux‑Toulouse) illustrant les désaccords entre Delga et les Verts.
Marine Tondelier n’a pas mâché ses mots en sortant de la plénière: elle a rappelé que l’argument selon lequel Mélenchon participerait à une primaire était peu crédible et a critiqué la focalisation sur l’Insoumis. De son côté, Olivier Faure a appelé à des actes concrets plutôt qu’à de «belles phrases» si la gauche veut éviter de se disperser.
Les échanges ont illustré une réalité politique simple : au‑delà des positions communes (la crainte du Rassemblement national en 2027, les critiques à l’égard de la majorité), les lignes de fracture idéologiques et stratégiques persistent et rendent toute recomposition difficile.
À Bram, plus qu’un débat programmatique, les «Rencontres de la gauche» ont ressemblé à un état des lieux à armes inégales : l’unité reste affichée dans les discours, mais la réalité des ambitions et des visions politiques laisse entrevoir un affrontement de lignes pour la présidentielle à venir.
Ce qu’il faut retenir : la possibilité d’une motion de censure contre Sébastien Lecornu plane, mais les dissensions sur la place de Jean‑Luc Mélenchon fragilisent toute stratégie d’ensemble à gauche.
