Le 28 août, à Paris, le Medef a rassemblé les dirigeants des principaux partis politiques pour un « débat d’orientation » avant la rentrée parlementaire. Objectif : confronter les visions sur la compétitivité des entreprises et le renforcement du pouvoir d’achat. Si tous se sont accordés sur la nécessité de soutenir l’économie française, les lignes ont rapidement bougé dès les premiers échanges.
Un exercice de style et de posture
Sous la houlette du patronat, chaque responsable de parti a disposé de dix minutes pour présenter ses priorités :
- Les Républicains (LR) ont réclamé une nouvelle baisse de l’impôt sur les sociétés et un allègement rapide des charges patronales.
- Rassemblement National (RN) a axé son intervention sur la préférence nationale et la lutte contre le « dumping social » des pays hors Union européenne.
- Parti socialiste (PS) a défendu la création d’un « bouclier social » pour accompagner les ménages modestes face à la hausse des prix.
- Europe Écologie Les Verts (EELV) a mis l’accent sur la transition énergétique et une taxation accrue des grands groupes les moins vertueux.
Des divergences marquées sur la fiscalité et l’environnement
Le point de cristallisation a été la question fiscale. Les ténors de LR ont jugé indispensable de franchir « une étape supplémentaire » dans la réduction de l’impôt sur les bénéfices, tandis que la gauche insistait sur le besoin de financer la santé et l’éducation. EELV, de son côté, proposait un « écotaxe européenne » sur les importations à forte empreinte carbone.
Interpellé par le président du Medef, qui redoute un « éclatement des réformes », chaque chef de parti a dû préciser comment il concilierait soutien aux entreprises et protection des services publics. Les débats ont tourné court sur le rythme des baisses de dépenses : certains réclament une révision complète du périmètre de l’État, quand d’autres craignent de fragiliser trop vite un appareil jugé déjà sous tension.
Quel impact pour la Nouvelle-Aquitaine ?
En région, où l’industrie aéronautique (Airbus à Bordeaux), l’agroalimentaire (Lactalis à Montagne) et la viticulture (Bordeaux, Bergerac) constituent des piliers, ces échanges sont scrutés de près. Les PME régionales attendent des mesures concrètes pour accélérer la transition écologique et développer l’emploi local.
- Une baisse des charges pourrait favoriser les sous-traitants aéronautiques autour de Mérignac.
- Un « bouclier social » soutenu par le PS séduirait les coopératives agricoles en période de hausse des carburants.
- Les viticulteurs plébiscitent une politique plus volontariste sur l’adaptation au changement climatique, chère à EELV.
En clôture, le Medef a salué la « diversité des points de vue », tout en soulignant la nécessité d’un consensus national pour restaurer la confiance des chefs d’entreprise. Les prochaines semaines seront donc décisives pour rapprocher propositions patronales et programmes politiques, à quelques mois d’échéances électorales majeures.