Moins d’un mois après son arrivée à Matignon, le premier ministre Sébastien Lecornu entre dans une semaine qualifiée de «décisive» par plusieurs acteurs politiques. Entre remaniement ministériel, présentation du budget 2026 et nouvelles mobilisations sociales, l’exécutif doit manœuvrer pour éviter une motion de censure et stabiliser sa majorité parlementaire.
Un calendrier serré
La session ordinaire du Parlement débute mercredi 1er octobre, mais les journées de mercredi et jeudi sont d’abord réservées au renouvellement des instances de l’Assemblée nationale (bureau, présidences de commission). Le gouvernement dispose donc d’un créneau limité pour annoncer la composition de sa nouvelle équipe.
Deux scénarios sont envisagés: une annonce jeudi soir, profitant du retour du président de la République sur le sol français, ou une annonce durant le week‑end après la rencontre prévue vendredi avec les dirigeants du Parti socialiste (PS).
Budget 2026 au centre des tractations
Parallèlement au remaniement, Sébastien Lecornu doit finaliser les grandes lignes du budget 2026. Un projet partiel a été transmis au Conseil d’État et le Haut Conseil des finances publiques, présidé par Pierre Moscovici, doit recevoir un dossier complet «autour du 1er octobre», selon les sources publiques.
Lors d’annonces récentes, le gouvernement a évoqué des pistes: une réduction de 6 milliards du «train de vie de l’État», des mesures renforcées contre la fraude sociale et fiscale, et un objectif de déficit proche de 4,7% du PIB. Certaines orientations ont déjà provoqué des réactions politiques vives.
Pression politique: le PS menace
Les premiers éléments budgétaires ont irrité la direction du Parti socialiste. Le secrétaire du PS, Olivier Faure, a fixé un rendez‑vous vendredi qualifié par son camp de «dernière chance» et a laissé entendre qu’un échec des négociations pourrait conduire le PS à déposer une motion de censure. Le premier ministre se trouve contraint de rallier, ou du moins de convaincre, une partie de la gauche parlementaire pour éviter la chute du gouvernement.
Dans le même temps, une conciliation avec les Républicains et les centristes doit respecter des «lignes rouges» sur les impôts et les politiques publiques, rendant l’équation budgétaire délicate.
Grogne sociale et calendrier de mobilisation
Les syndicats ont annoncé une nouvelle journée de mobilisation le 2 octobre. L’intersyndicale réclame des concessions et pourrait accroître la pression sur l’exécutif au moment où le premier ministre présente sa feuille de route.
Enjeux et perspectives
- Éviter une motion de censure et stabiliser une majorité hétérogène;
- présenter un budget crédible économiquement et politiquement;
- composer un gouvernement capable de conduire ces choix sans provoquer une nouvelle crise politique.
Si Sébastien Lecornu parvient à franchir ce cap, il devra enchaîner avec un discours de politique générale en début de semaine suivante. À défaut, la semaine pourrait marquer un point d’inflexion majeur pour la durée du gouvernement et la majorité parlementaire.
Article rédigé depuis Paris.