La validation mercredi par la Commission européenne de l’accord de libre‑échange entre l’Union européenne et le Mercosur provoque une onde de choc au sein de la classe politique. À l’origine d’inquiétudes majeures pour les filières agricoles européennes, le texte adopté par l’exécutif européen est désormais contesté par des forces politiques aussi opposées que le Rassemblement national (RN) et La France insoumise (LFI).
Une décision prise par la Commission, critiquée des deux rives
La Commission a approuvé le compromis final et l’a transmis aux États membres pour la suite des procédures. Face à cette décision, plusieurs responsables politiques français ont réagi vivement. La ministre LR de l’Agriculture, Annie Genevard, a défendu le résultat en soulignant sur X qu’une « clause de sauvegarde renforcée » avait été intégrée « pour protéger nos filières sensibles » et qu’il s’agissait d’un « ajout obtenu à l’initiative de la France ». Elle a conclu son message par la formule : « Le combat continue. »
À l’opposé de l’échiquier politique, la présidente du RN, Marine Le Pen, a dénoncé un texte qui, selon elle, « aurait des conséquences dévastatrices sur l’agriculture française ». Les élus du RN au Parlement européen, menés par Jordan Bardella, annoncent le dépôt d’une « motion de censure contre Ursula von der Leyen » dès la semaine prochaine, dénonçant une responsabilité directe de la présidente de la Commission dans la validation du traité.
La gauche radicale rejoint la critique
Du côté de la gauche radicale, la tonalité est identique sur le fond. L’eurodéputée de LFI Manon Aubry a attaqué un accord qu’elle qualifie de « plus destructeur accord de libre‑échange de l’histoire », appelant à la censure de la présidente de la Commission. La députée Clémence Guetté (LFI) a pour sa part réclamé que « l’Assemblée nationale puisse voter » sur le sujet et insisté : « Nous ferons tout pour protéger les Français et les agriculteurs. »
Fait notable, ce rapprochement d’intensité de la critique entre forces nationalistes et forces de gauche met en évidence l’ampleur des craintes autour des conséquences du texte pour l’agriculture européenne et française en particulier.
Ce qui reste à venir
- La Commission a transmis l’accord aux États membres : la ratification implique désormais des étapes nationales et européennes.
- Au Parlement européen, les démarches annoncées par le RN et LFI reposent sur une forte poussée politique et visent à mettre en cause la responsabilité politique de l’exécutif européen.
- Sur le terrain, syndicats agricoles et organisations professionnelles restent vigilants et attendent des garanties concrètes sur l’application des clauses de sauvegarde.
Pour l’heure, la controverse est essentiellement politique mais elle illustre un clivage profond sur la manière d’aborder les accords commerciaux internationaux : entre partisans d’une ouverture calibrée et défenseurs des protections des filières nationales. Alors que le dossier suit son chemin institutionnel, les déclarations explosives d’hier annoncent une bataille politique prolongée autour d’un texte qui touche directement aux enjeux agricoles et à la souveraineté économique.
À Bruxelles comme à Paris, la suite dépendra des votes et des initiatives parlementaires à venir. Les agriculteurs, eux, attendent davantage que des paroles : des garanties effectives pour préserver leur compétitivité et leur activité.