Allemagne : Ramelow relance le débat sur drapeau et hymne

Berlin — À quelques semaines de la fête de la réunification allemande, une sortie du vice‑président du Bundestag, Bodo Ramelow (Die Linke), a rouvert un débat sensible sur les symboles nationaux : le drapeau noir‑rouge‑or et l’hymne national. Dans un entretien accordé au Rheinische Post le 29 août, M. Ramelow a évoqué la possibilité d’une consultation sur ces emblèmes, suscitant une vive réaction politique.

Proposition et recadrage

Interrogé, Bodo Ramelow a dit ne pas vouloir «supprimer» les symboles, mais inviter à réfléchir à une refonte constitutionnelle via l’article 146 de la Loi fondamentale, qui prévoit la possibilité de réviser la Constitution après une consultation populaire. Il a également évoqué la Kinderhymne de Bertolt Brecht comme une alternative plus consensuelle et moins «nationaliste», sans la proposer comme remplacement immédiat.

Contexte historique et mémoire

Le drapeau noir‑rouge‑or est aujourd’hui associé aux valeurs démocratiques, notamment après son usage par les manifestants est‑allemands à la chute du mur. L’hymne national, dont la troisième strophe est celle qui est officiellement chantée depuis 1949, a cependant un passé lourd : la première strophe avait été instrumentalisée sous le IIIe Reich. Ramelow souligne que ces éléments n’apaisent pas partout les mémoires, en particulier dans l’ex‑RDA, où subsistent des réserves trente‑cinq ans après la réunification.

Réactions politiques

La proposition a été immédiatement critiquée par des responsables de la CDU. Carsten Linnemann a estimé que remettre en cause les symboles nationaux représentait un risque pour l’ordre démocratique : «Nos symboles incarnent nos droits fondamentaux et notre État de droit», a‑t‑il déclaré. Andrea Lindholz a jugé que Ramelow manquait de neutralité, et Andreas Bühl, chef de la fraction CDU en Thuringe, a qualifié l’initiative de «dangereuse».

Des représentants de l’extrême droite ont aussi réagi : Tobias Teich, vice‑président de l’AfD en Bavière, a regretté que «seule une strophe de l’hymne soit chantée» et a appelé à défendre l’histoire et l’unité allemande. Son groupement s’en est toutefois rapidement distancié, révélant des désaccords internes.

Un débat ancien

Ce n’est pas la première fois que Bodo Ramelow soulève ces sujets : il avait déjà abordé la question en 2019, provoquant des réactions à l’époque, dont celle d’Angela Merkel, qui estimait que d’autres problèmes plus urgents devaient mobiliser l’attention du pays tout en reconnaissant la valeur de l’hymne.

Enjeu identitaire et mémoire partagée

Au‑delà des postures politiques, la discussion met en lumière un clivage culturel et historique persistant entre Est et Ouest de l’Allemagne. Si la plupart des Allemands acceptent aujourd’hui le drapeau et la version officielle de l’hymne, ces symboles restent l’objet de débats récurrents quand il s’agit de mémoire, de nation et d’identité collective.

Alors que le pays s’apprête à célébrer la réunification le 3 octobre, la controverse autour des emblèmes rappelle que la construction d’un consensus national reste un chantier inachevé, entretenu par les souvenirs et les fractures du passé.

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