Antananarivo a connu de nouveaux affrontements samedi entre manifestants et forces de l’ordre, deux jours après une grande manifestation antigouvernementale qui avait dégénéré en heurts, incendies et pillages.
Des rassemblements contre les coupures d’eau et d’électricité
Plusieurs centaines de jeunes, dont de nombreux étudiants, se sont retrouvés dans les rues de la capitale malgache pour protester contre des coupures répétées d’eau et d’électricité et dénoncer la pauvreté. Les manifestants, pour la plupart vêtus de noir et certains coiffés de chapeaux de paille devenus symbole de défiance, brandissaient des pancartes portant des slogans comme « Nous sommes pauvres, en colère et malheureux » et « Madagascar est à nous ».
Violences et dispersions
Les forces de l’ordre, massivement déployées, ont empêché les cortèges d’atteindre le centre-ville. La police a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants et, selon plusieurs témoignages, des tirs de balles en caoutchouc avaient déjà été employés jeudi, lorsque la première mobilisation a dégénéré. Cette journée avait été marquée par des incendies et des actes de pillage, notamment l’incendie du domicile de trois parlementaires.
Bilan humain et réactions officielles
- Une source hospitalière anonyme a affirmé que cinq personnes ont été tuées lors des violences de jeudi, bilan qui n’a pas été confirmé officiellement.
- Le président Andry Rajoelina a annoncé le limogeage de son ministre de l’Energie et a qualifié les incidents d’« actes de déstabilisation ».
- La Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), que préside M. Rajoelina, s’est dite préoccupée par « un nombre non confirmé de morts, de blessés et de dégâts importants aux biens publics et privés ».
- L’Union africaine a appelé au calme, à la retenue et au dialogue entre les autorités et les représentants de la population.
Contexte structurel
Madagascar reste l’un des pays les plus pauvres du monde malgré d’importantes ressources naturelles. La Banque mondiale estimait en 2022 que près de 75 % de la population vivait sous le seuil de pauvreté, un facteur structurel qui alimente la colère face aux défaillances des services publics essentiels comme l’eau et l’électricité.
Les manifestations et les violences mettent en lumière la fragilité sociale et politique de Madagascar, où la contestation populaire se heurte à une réponse sécuritaire et à des institutions sous forte pression.