BCE maintient ses taux directeurs, la crise politique française pèse

Francfort / Paris. La Banque centrale européenne (BCE) a décidé jeudi de maintenir ses taux directeurs, jugeant que l’inflation restait globalement sous contrôle malgré les incertitudes politiques en France liées à la chute du gouvernement Bayrou.

Décision et contexte

La dernière modification remontait à juin, lorsque la BCE avait abaissé son taux principal sur les dépôts à 2 %. Lors de la réunion de jeudi, les responsables monétaires ont estimé que les perspectives d’inflation étaient « globalement inchangées » et que l’inflation se situait autour de l’objectif à moyen terme de 2 %.

La crise française pèse sur les débats

Les turbulences politiques en France — après la chute annoncée de François Bayrou et la nomination de Sébastien Lecornu comme Premier ministre chargé de former une coalition et de présenter un budget — ont été au cœur des discussions. Le gouvernement naissant reste sous la menace d’une motion de censure, alors que les marchés surveillent de près la trajectoire budgétaire de Paris.

  • Dette française: environ 3 300 milliards d’euros, soit plus de 115% du PIB.
  • Le taux de l’emprunt français à dix ans a brièvement dépassé celui de l’Italie cette semaine, une première depuis le début des années 2000.
  • L’agence de notation Fitch doit se prononcer sur la note souveraine de la France ce vendredi.

Outils et limites de la BCE

Christine Lagarde, présidente de la BCE, a animé la conférence de presse après la réunion. Si la présidence de l’institut monétaire évite traditionnellement tout commentaire politique, certains observateurs — comme Felix Schmidt de Berenberg — estiment qu’elle pourrait rappeler l’appel de la BCE à la responsabilité budgétaire.

La BCE dispose d’un instrument, l’« Instrument de protection de la transmission » (IPT), destiné à racheter des obligations pour stabiliser les marchés en cas d’attaques injustifiées. Cet outil, créé en 2022, n’a encore jamais été utilisé et n’a pas vocation à couvrir des difficultés résultant d’un mauvais pilotage budgétaire.

Projections économiques

Les nouvelles projections publiées par la BCE montrent une inflation attendue à 2,1% en 2025 puis à 1,7% en 2026 (contre 1,6% dans la projection précédente). La croissance est désormais prévue à 1,2% en 2025, avant de ralentir à 1,0% en 2026, une révision à la baisse qui reflète notamment la morosité en Allemagne et l’impact des mesures commerciales internationales.

La BCE prend aussi en compte l’accord commercial avec les États-Unis, qui fixe des droits de douane de 15% sur la plupart des produits européens et constitue un choc pour l’économie de la zone euro.

Conséquences pour la France

La combinaison d’une dette élevée, d’une situation politique instable et du risque de dégradation de la note souveraine expose la France à une hausse des coûts d’emprunt si la confiance des investisseurs venait à se détériorer. Pour l’instant, les marchés restent relativement calmes, mais la BCE et les agences de notation surveillent la situation de près.

En bref : la BCE privilégie la stabilité monétaire. Mais la France, confrontée à une crise politique et à une dette record, reste sous pression et pourrait voir ses marges de manœuvre se réduire si la situation budgétaire ne se stabilise pas.

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