Un rapport alerte sur la fragilité des financements
L’Institut de l’économie pour le climat (I4CE) met en garde : les efforts publics engagés pour adapter la France au changement climatique risquent d’être compromis par la contrainte budgétaire et les premières orientations du budget 2026. Dans un rapport intitulé Adapter la France à +4°C : moyens, besoins, financements, l’institut souligne des incertitudes fortes sur la pérennité des ressources dédiées.
Un mouvement enclenché, mais des moyens insuffisants
L’I4CE rappelle d’abord que la période 2020-2024 a donné lieu à «une réelle prise en charge du sujet», grâce aux politiques de relance post-Covid qui avaient permis d’augmenter les aides à l’investissement pour l’adaptation. Mais cet élan est aujourd’hui menacé : «La période plus récente – marquée par la contrainte budgétaire – fait peser d’importantes incertitudes sur la suite de la dynamique», écrivent les auteurs.
Le gouvernement a présenté en mars son troisième Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC-3), destiné à préparer les transports, les infrastructures énergétiques et l’agriculture à un réchauffement pouvant atteindre +4°C d’ici la fin du siècle. Mais, selon l’I4CE qui relaie l’estimation du Haut Conseil pour le climat, «les financements connus à ce stade pour le PNACC-3 sont insuffisants comparés aux estimations de besoin».
Où va l’argent aujourd’hui ?
- Les dépenses publiques d’adaptation chiffrées par l’I4CE pour 2025 atteignent 1,7 milliard d’euros.
- Plus de la moitié de cette somme, soit 939 millions d’euros, provient des programmes des agences de l’eau consacrés à la préservation et à l’économie de la ressource.
- Le Fonds vert, qui soutient notamment les collectivités locales, a vu ses ressources diminuer en 2025, selon le rapport.
Des crédits réduits, voire annulés
L’I4CE pointe «la fin d’un cycle de politiques d’aides à l’investissement sans que les relais ne soient prévus» et signale une réduction nette des crédits pourtant initialement prévus, ainsi que des annulations de crédits sur certains volets. Les premiers échanges menés dans la préparation du budget 2026 «ne laissent pas entrevoir d’amélioration à court terme», ajoutent les auteurs.
Conséquences locales et secteurs exposés
Une moindre dotation publique pour l’adaptation pourrait freiner des projets concrets menés par les collectivités — digues, résilience des réseaux d’eau, plans d’irrigation pour l’agriculture, renforcement des infrastructures de transport ou modernisation des réseaux électriques. L’I4CE insiste sur le rôle crucial des financements publics pour réduire les vulnérabilités, gérer les crises et prendre en charge les dommages liés aux événements extrêmes.
En conclusion, le rapport de l’I4CE dresse un constat clair : malgré des avancées récentes, l’adaptation au changement climatique reste vulnérable face à la rigueur budgétaire. Sans arbitrages politiques et dispositifs de financement renforcés, de nombreux projets locaux risquent d’être retardés ou réduits, au moment même où les impacts climatiques se font sentir sur le terrain.