Château-Thierry (Aisne) — Trente et un ans après les faits, la cour d’assises de l’Aisne a condamné Pascal Lafolie à trente ans de réclusion criminelle pour le meurtre de Nadège Desnoix, lycéenne âgée de 17 ans retrouvée assassinée en mai 1994 sur un sentier menant à son établissement.
Le verdict
La peine prononcée comprend une période de sûreté des deux tiers et intègre une dizaine d’années de détention déjà effectuées pour d’autres condamnations. La décision de la cour est conforme aux réquisitions de l’avocate générale. À l’annonce du verdict, les proches de la victime, présents pendant les quatre jours du procès et vêtus de T-shirts frappés du visage de Nadège, ont été très affectés.
Réactions de la famille et des parties civiles
William Desnoix, frère de Nadège, a déclaré sortir du procès « apaisé » après une procédure qualifiée par lui d' »extrêmement difficile » : « Nous avons été entendus, il a été lourdement condamné, c’était tout ce qu’on attendait », a-t-il dit.
Me Gérard Chemla, avocat des frères et de la sœur de la victime, a salué une décision qui confirme la culpabilité et la dangerosité de l’accusé, estimant qu’aucune circonstance atténuante n’a été retenue. Me Arnaud Miel, conseil de la mère, a souligné que le combat de la famille avait « heureusement abouti » et a rappelé que le père de Nadège était décédé « mort de chagrin » après le drame.
Portrait de l’accusé et défense
Lors des réquisitions, l’avocate générale a dressé le portrait d’un homme au tempérament violent, manipulant et peu respectueux du consentement de ses partenaires. De son côté, Me Justine Devred, avocate de Pascal Lafolie, a reconnu certaines « pulsions » de son client et évoqué une enfance difficile. Elle a indiqué que son client envisageait de faire appel. Tout au long du procès, l’accusé a nié se souvenir des faits ; il avait pourtant admis les faits lors de sa garde à vue avant de se rétracter et d’imputer la responsabilité à un frère décédé, hypothèse écartée par l’enquête.
Les éléments de l’enquête
- Le corps de Nadège Desnoix avait été retrouvé fin mai 1994, lacéré de coups de couteau.
- L’affaire est restée non élucidée pendant des décennies, classée parmi les « cold cases ».
- En 2021, des expertises ont établi une correspondance entre l’ADN retrouvé sur le chouchou porté par la victime et l’ADN de Pascal Lafolie, prélevé dans le cadre d’une autre affaire de violences conjugales.
- L’accusé, âgé aujourd’hui de 58 ans, avait déjà été condamné pour une agression sexuelle en 1996 et un viol en 2000 ; la peine actuelle tient compte des détentions antérieures.
Perspectives et suites
Me Chemla a exprimé une inquiétude quant à la possibilité que la peine effective restante soit réduite avec le temps, estimant que l’accusé pourrait représenter une menace pour les femmes si libéré trop tôt. Le pôle criminel de Nanterre, qui travaille sur les cold cases, examine également d’autres dossiers pouvant impliquer le même mis en cause.
Restée pendant longtemps sans réponse, l’affaire Nadège Desnoix fait désormais partie des rares très anciens crimes en France à avoir abouti à un procès après des décennies d’enquête et d’expertises ADN.