La perspective d’une dissolution de l’Assemblée nationale relance les spéculations sur la possibilité, pour Marine Le Pen, de se présenter à une nouvelle élection législative malgré son inéligibilité actuelle. Cette hypothèse s’appuie sur une analyse juridique pointue et un calendrier judiciaire encore en suspens.
Un scénario inédit
Actuelle présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen est frappée, depuis mai 2024, d’une peine de trois ans d’inéligibilité pour des propos jugés discriminatoires envers des électeurs musulmans. La sentence est assortie d’un sursis, et un pourvoi en cassation est en cours d’examen. Tant que la Cour de cassation n’a pas statué, la décision n’est pas définitive.
Si le président de la République décidait de dissoudre l’Assemblée nationale, les législatives seraient organisées dans un délai de 20 à 40 jours. La question clé est de savoir si la décision de la Cour de cassation – susceptible de lever ou de confirmer l’inéligibilité – interviendrait avant ou après la publication officielle des candidatures.
Les étapes du processus
- Décision de dissolution : le président signe un décret. Le compte à rebours pour l’élection se met en marche.
- Dépôt des candidatures : fixé quelques semaines avant le scrutin. Seule une décision judiciaire passée en force de chose jugée rend inéligible définitivement.
- Arrêt de la Cour de cassation : s’il intervient après le dépôt, la candidate reste inscrite, même si l’inéligibilité est confirmée ensuite.
- Organisation du scrutin : deux tours dans un intervalle bref, sans possibilité de révision des listes.
Enjeux locaux en Nouvelle-Aquitaine
En Nouvelle-Aquitaine, les dernières élections régionales ont montré un ancrage progressif du Rassemblement national dans plusieurs circonscriptions, notamment en Charente-Maritime et en Gironde. Une dissolution générale pourrait modifier la donne localement :
- Mobilisation des électeurs : la possibilité pour Marine Le Pen de se présenter risquerait de polariser la campagne.
- Réactions des élus régionaux : des députés sortants de la majorité présidentielle et de la gauche craignent une recomposition accélérée du paysage politique.
- Impacts économiques et sociaux : dans des territoires fragilisés par la crise, la perspective d’un nouveau scrutin national est souvent vécue comme une période d’incertitude supplémentaire.
Pour l’heure, le gouvernement n’a fait aucune annonce officielle sur la dissolution. Dans les couloirs de l’Élysée, on évoque des consultations informelles avec les partenaires de la majorité. Seule certitude : le calendrier judiciaire, complexe et incertain, sera déterminant pour trancher la question de la candidature de Marine Le Pen.
Les électeurs de Nouvelle-Aquitaine, eux, restent attentifs à l’évolution de ce dossier, conscients que l’issue pourrait peser non seulement sur la scène nationale mais aussi sur l’équilibre politique local.