Les signataires demandent à Lecta d’ouvrir une cession encadrée
Les salariés des Papeteries de Condat et les élus locaux ont remis, jeudi 11 septembre, une lettre ouverte au groupe Lecta et déposé une copie au ministère de l’Économie à Paris. Dans ce courrier cosigné par les organisations syndicales et plusieurs responsables politiques de la Dordogne et de la Région Nouvelle-Aquitaine, ils réclament que la direction «officialise la mise en vente du site» du Lardin-Saint-Lazare afin d’éviter une issue judiciaire et sociale dramatique pour les 202 salariés.
Des investissements importants, des résultats insuffisants
Les auteurs de la lettre rappellent les lourds investissements réalisés ces dernières années : la modernisation de la machine PM8 (environ 100 M€ d’investissement, dont 19 M€ sous forme de prêt régional) et la mise en service d’une chaudière CSR en 2024 (environ 50 M€, dont 14 M€ de subventions de l’Ademe). Malgré ces efforts, «le redressement attendu ne s’est pas matérialisé» et la situation financière du site reste très préoccupante.
Les signataires pointent plusieurs décisions et signes qui, selon eux, montrent que Condat n’est plus au cœur de la stratégie du groupe : transfert du siège social sur le site, démission du président de Condat (tout en conservant des fonctions financières au sein du groupe), réduction de l’activité à un rythme dégradé (20 jours de production par mois en raison d’un manque de trésorerie pour acheter de la matière première) et absence de plan stratégique commercial ou industriel porté par Lecta.
Des demandes claires et immédiates
La lettre formule deux demandes principales :
- Officialiser la mise en vente de Condat et lancer «immédiatement une procédure de cession encadrée, transparente et accompagnée», avec la nomination d’un conseil financier indépendant et la publication d’un calendrier de recherche d’acquéreurs industriels ou financiers présentant des plans industriels et sociaux crédibles ;
- Préserver l’outil industriel jusqu’à la cession : aucune externalisation, transfert d’actifs ou reconfiguration juridique ne doit diminuer la valeur opérationnelle du site pendant la période de vente.
Contexte financier inquiétant
Les syndicats et élus alertent aussi sur la situation globale du groupe Lecta : consommation de trésorerie de 16 M€ au deuxième trimestre 2025 et un endettement proche de 550 M€. Le groupe a par ailleurs cessé de rembourser les mensualités d’un prêt à taux zéro accordé par la Région (500 000 € par mois), restant redevable d’environ 9,5 M€.
Selon la lettre, une cession organisée reste la solution «la plus responsable» pour préserver la valeur industrielle, limiter le risque réputationnel et social, et offrir au site une direction industrielle et commerciale dédiée. Les signataires estiment qu’en l’absence d’une décision rapide, le site pourrait être placé en redressement judiciaire, voire en liquidation, entraînant un coût social important pour la collectivité.
Qui signe ?
La lettre est cosignée, entre autres, par le président de la Région Nouvelle-Aquitaine Alain Rousset, le président du Conseil départemental de la Dordogne Germinal Peiro, les sénateurs Serge Mérillou et Marie-Claude Varaillas, le député Sébastien Peytavie, le président de la communauté de communes Dominique Bousquet, ainsi que les maires du Lardin et de Condat.
Les élus et syndicats affirment qu’il est encore temps d’agir pour sauver l’emploi et l’outil industriel. Ils attendent désormais une réponse claire des actionnaires et de la direction de Lecta.