Corse : mère d’Antoine Francisci brise le silence et dénonce l’omerta

Corse. Au procès qui se tient cet automne, la mère d’Antoine Francisci a livré un témoignage bouleversant et pointé l’omerta qui, selon elle, entoure les meurtres liés aux affaires en Corse.

Une mère face aux accusés

Veste sombre et écharpe nouée, Sophie Bouquet, 55 ans, s’est présentée mardi devant la cour d’assises pour parler de son fils Antoine, tué en 2019 sur le bord d’une route de l’île. Elle a assisté aux débats depuis l’ouverture du procès, un fait rare dans les dossiers de criminalité organisée en Corse où les bancs des victimes sont souvent vides.

Face aux hommes poursuivis, elle a lancé: ‘je ne pouvais pas désigner de témoins, personne ne viendra témoigner’, dénonçant un silence imposé par la peur ou le code du silence. Me Pierre Bruno, avocat de la défense, a reconnu son courage, rappelant le peu de parties civiles qui se présentent habituellement dans ces procès.

Le contexte de l’affaire

La personne mise en cause principalement lors de ces débats est surnommée ‘Mimi Costa’, âgée de 70 ans, figure du banditisme corse. Elle est jugée pour le meurtre d’Antoine Francisci, 22 ans au moment des faits. Selon l’enquête, Antoine n’aurait pas été la cible principale des tirs: la vraie visée aurait été Laurent Emmanuelli, un autre protagoniste du milieu, que les auteurs voulaient éliminer.

  • Antoine conduisait le buggy ce soir-là; il suivait un véhicule où se trouvait vraisemblablement la cible, selon les investigations.
  • Les enquêteurs estiment que le mobile relève de rivalités d’implantation en Balagne, autour de Calvi, entre clans rivaux.
  • Laurent Emmanuelli, identifié comme une figure montante du banditisme, doit être entendu prochainement; il est soupçonné d’avoir laissé le jeune homme sur place et d’avoir, selon la famille, modifié la scène ou omis de dénoncer des faits.

Portrait d’une victime

La mère a déroulé devant la cour des photographies d’Antoine: bébé, en maillot de football, en famille. Les proches décrivent un jeune homme mince, brun, passionné de rallye et de voitures. Plusieurs témoins ont évoqué des difficultés personnelles après le décès du père d’Antoine, en 2011, qui aurait notamment contribué à des changements dans son comportement.

Des amis, entendus à distance depuis Bastia, ont dit avoir partagé des moments avec lui la veille de sa mort sans pour autant connaître tous ses fréquentations. L’une d’elles, qui avait prêté sa puissante voiture le jour du drame, s’est montrée réservée sur les circonstances qui ont conduit Antoine à Corte.

Accusations et suites du procès

Outre ‘Mimi Costa’, un homme du nom de Dominique Costa est également jugé pour ‘tentative de meurtre en bande organisée’ à l’encontre de Laurent Emmanuelli. Le procès, qui a débuté récemment, doit se poursuivre jusqu’au 2 octobre. L’audition attendue de Laurent Emmanuelli suscite une forte attention de la part des parties civiles et de la cour.

La parole donnée à la famille d’Antoine rappelle la difficulté des victimes et de leurs proches à faire entendre leur version dans des affaires marquées par la défiance et le silence local. Le procès devrait apporter des éléments sur la chaîne d’événements ayant conduit à la mort du jeune homme et sur les responsabilités des différents protagonistes.

Faits établis : Antoine Francisci, 22 ans, tué en 2019; ‘Mimi Costa’, 70 ans, jugée pour meurtre; Dominique Costa poursuivi pour tentative de meurtre; Laurent Emmanuelli attendu comme témoin/partie lors des débats. Procès programmé jusqu’au 2 octobre 2025.

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