Le montant des nouveaux prêts immobiliers a atteint 13,1 milliards d’euros en juillet, un niveau jamais vu depuis janvier 2023, selon les derniers chiffres publiés lundi par la Banque de France.
Chiffres clés
- Montant total des nouveaux prêts (hors renégociations) en juillet : 13,1 milliards € (12,2 milliards € un an auparavant).
- Taux moyen des nouveaux crédits à l’habitat en juillet : 3,09% (hors renégociations, frais et assurances).
- Pic observé en janvier 2024 : 3,61%; niveau d’avant la hausse : 1,26% en mai 2022.
- Écart par rapport à la zone euro : le taux français est inférieur de 0,21 point à la moyenne.
Pourquoi ce rebond ?
La forte contraction du marché immobilier observée entre mi-2022 et début 2024 s’explique principalement par la remontée des taux d’intérêt provoquée par la politique monétaire restrictive de la Banque centrale européenne (BCE) pour contenir l’inflation. Depuis, l’assouplissement relatif de la BCE et la baisse progressive de ses taux directeurs ont permis aux taux des crédits immobiliers de refluer, relançant une partie de la demande.
La Banque de France note donc, pour juillet, un retour de la production de crédits à un niveau proche de celui d’avant la période d’écrasement de l’activité de crédit, même si le marché reste sensible aux évolutions des taux et à l’environnement macroéconomique.
Un marché encore fragile
Si le montant des crédits repart à la hausse, les professionnels soulignent que la reprise du marché immobilier en 2025 reste « incomplète ». Les réseaux d’agences ont observé un rebond du nombre de transactions, mais celui-ci est « moins fort que prévu » et dépend fortement de la perception du risque politique et économique par les ménages.
La stagnation ou la hausse des prix observée récemment — notamment à Paris, où la baisse des prix s’est interrompue — illustre cette reprise prudente. Le président de la FNAIM, Loïc Cantin, a souligné début septembre que « l’instabilité politique actuelle est de nature à freiner ou à faire régresser la reprise, compte tenu du fait que les Français n’aiment pas l’incertitude ». La décision récente du gouvernement évoquée par certains acteurs ajoute, selon eux, une dose d’incertitude à court terme.
Conséquences pour les emprunteurs et le marché
Pour les ménages, la décrue des taux facilite l’accès au crédit et peut encourager des projets d’achat repoussés ces dernières années. Toutefois, le niveau des taux demeure nettement supérieur à celui de 2022, ce qui pèse toujours sur le pouvoir d’achat immobilier.
Du côté des professionnels (agences, promoteurs, banques), la hausse des volumes de prêts est bienvenue, mais la fragilité de la reprise impose prudence : les établissements restent attentifs à la qualité des dossiers et aux conditions d’octroi. Les prix, eux, risquent de rester segmentés selon les territoires et les grandes villes où la demande reste plus soutenue.
Sources : Banque de France ; réseaux d’agences immobilières ; déclarations de la Fédération nationale de l’immobilier (FNAIM).