Crédit immobilier : hausse des taux menace les emprunteurs en France

Le marché du crédit immobilier montre des signes de fragilité depuis la rentrée : les établissements bancaires ont commencé à relever leurs barèmes, mettant en difficulté des clients en cours de montage de dossiers et risquant de freiner la dynamique des prêts observée cet été.

Une hausse déjà ressentie par les emprunteurs

Depuis le 4 septembre, plusieurs courtiers et candidats à l’achat rapportent des propositions de taux revues à la hausse. Exemple concret : à Paris, le couple Jérôme et Charlène voit une offre passer de 3,00 % à 3,15 % sur 20 ans, une différence qui alourdit le coût total du crédit d’environ 2 000 euros par tranche de 100 000 euros empruntés.

Des banques justifient le mouvement

Plusieurs acteurs du secteur imputent ces révisions à l’instabilité économique et politique récente. Ludovic Huzieux, cofondateur d’Artémis courtage, évoquait une hausse pouvant atteindre 0,25 point en quelques semaines. Un document du réseau Vousfinancer précise qu’une banque a attribué son relèvement à « l’instabilité politique, les tensions sociales et la tension sur les marchés financiers ».

Contexte macroéconomique : coût de la dette et notes souveraines

Les banques françaises restent sensibles au coût d’emprunt sur les marchés : elles refinancent une partie des prêts qu’elles accordent en empruntant elles-mêmes sur les marchés de dette. Début septembre, le coût de la dette française a atteint des niveaux jugés historiquement élevés, dans un contexte marqué notamment par la chute annoncée d’un ministre et la rétrogradation par une agence de notation, facteurs cités par les acteurs interrogés.

Quel niveau des taux attendre ?

  • Taux moyens été 2025 : juste en dessous de 3,10 % (hors assurance et frais), selon Banque de France et Crédit logement.
  • Prévisions : Jean-Marc Vilon, directeur général de Crédit Logement, anticipe un retour vers 3,25 %-3,30 % d’ici la fin d’année.
  • Projection longue : Côme Robet (CNCEF) évoque même des niveaux autour de 3,5 % sur 25 ans, selon les régions et durées.

Effets possibles sur la demande et les banques

Malgré un rebond du volume des prêts cet été — 13,1 milliards d’euros de nouveaux crédits à l’habitat en juillet, hors renégociations, niveau le plus élevé depuis deux ans et demi — les professionnels s’inquiètent d’un effet de rattrapage et d’un coup d’arrêt. Les banques semblent désormais resserrer la vis et demandent aux courtiers des dossiers plus solides, selon Caroline Pasquereau, porte-parole d’Empruntis.

À cela s’ajoute une détérioration de la confiance des ménages : sans visibilité économique à court terme, certains candidats à l’emprunt peuvent retarder ou renoncer à des projets à long terme. Les analystes de Moody’s avertissent que la combinaison hausse des taux / baisse de confiance pourrait freiner la croissance des prêts bancaires et compromettre les prévisions de reprise du volume des prêts dans les prochains trimestres.

En résumé

La prudence revient sur le marché du crédit immobilier : une légère poussée des taux liée à l’incertitude économique et politique commence à se traduire concrètement pour des emprunteurs, tandis que banques et courtiers ajustent leurs pratiques. Reste à voir si ce mouvement se prolongera et s’il suffira à infléchir la demande observée cet été.

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