Les marchés se déchaînent, Washington propose des solutions
L’économie argentine, dirigée par le président Javier Milei, traverse une nouvelle phase de turbulence : le peso a été fortement sollicité ces derniers jours et les marchés ont sanctionné le pays après plusieurs revers politiques. Face à cette instabilité, le Trésor américain a déclaré être « prêt à faire ce qui est nécessaire » pour soutenir l’Argentine, a annoncé le secrétaire au Trésor Scott Bessent sur X.
Quelles options sur la table ?
Selon les précisions communiquées par M. Bessent, Washington envisage plusieurs outils pour stabiliser l’économie argentine :
- des lignes d’échange de devises ;
- des achats directs de devises étrangères ;
- des acquisitions de dette gouvernementale libellée en dollars.
Ces mesures visent à rassurer les investisseurs et à alléger les échéances de trésorerie d’un pays qui reste l’un des principaux débiteurs du Fonds monétaire international (FMI).
Contexte politique et financier
Les difficultés récentes s’enracinent dans un revers électoral subi début septembre dans la province de Buenos Aires, considéré comme un test avant les législatives du 26 octobre. Par ailleurs, le Parlement a annulé plusieurs veto présidentiels portant sur des financements publics, ce qui a renforcé l’impression d’une panique politique et provoqué une fuite des capitaux.
Le gouvernement Milei, arrivé au pouvoir en décembre 2023 avec un programme ultralibéral visant à réduire la dépense publique et à combattre l’inflation, a obtenu des résultats sur ce dernier front : l’inflation a été ramenée d’un niveau supérieur à 200 % à son arrivée à près de 33,6 % sur un an. Néanmoins, la dynamique reste fragile.
Aides internationales et chiffres-clés
L’Argentine a conclu en avril un accord avec le FMI pour un prêt de 20 milliards de dollars, soutenu par des engagements complémentaires : 12 milliards de la Banque mondiale et 10 milliards de la Banque interaméricaine de développement. En 2018, le pays avait déjà reçu un prêt massif de 44 milliards de dollars du FMI.
Sur la question d’un éventuel prêt américain de grande ampleur, le chef de la diplomatie argentine, Gerardo Werthein, a rejeté les rumeurs qui évoquaient un montant de 30 milliards de dollars, affirmant que « c’est absolument faux » et que les discussions portent sur des montants beaucoup plus modestes.
Mesures nationales pour relancer les devises
Pour encourager les exportateurs à rapatrier des dollars, le gouvernement a annoncé la suspension, jusqu’au 31 octobre, des taxes sur les exportations de céréales ainsi que de viande bovine et aviaire. Le secteur agricole représente près de 60 % des exportations argentines et l’objectif est de « générer un plus grand apport en dollars » en incitant les producteurs à vendre plutôt qu’à conserver leurs stocks.
Réactions immédiates des marchés
Après l’annonce du soutien potentiel américain et les mesures argentine, les indices locaux se sont repris : les obligations et actions argentines ont progressé et le peso s’est raffermi, passant de 1 515 à 1 430 pesos pour un dollar en quelques jours.
En résumé : l’Argentine de Javier Milei reste en zone de danger malgré des progrès sur l’inflation. Le soutien annoncé par Washington et les mesures destinées à relancer les exportations ont momentanément calmé les marchés, mais la stabilité à moyen terme dépendra de l’ampleur et de la nature des aides internationales et de la capacité du gouvernement à maintenir la discipline budgétaire sans provoquer de nouvelles tensions sociales ou politiques.