Un mouvement rock devenu tribune de dérives
L’affaire du Nine O’Clock Service relance le débat sur les dérives sectaires et abus sexuels au sein de l’Église d’Angleterre. Créé à la fin des années 1990, ce groupe prônait une liturgie modernisée, mêlant musique rock, danse et discours évangélique. Derrière cette façade novatrice, des pratiques inquiétantes ont émergé, à en croire les témoignages récents d’anciens adeptes.
Genèse et ambition spirituelle
Né dans une paroisse anglicane, le Nine O’Clock Service visait à attirer les jeunes désaffiliés. Entre concerts rock et prières collectives, les animateurs promettaient une expérience intense de communion. Dans des salles de réunion transformées en petits clubs, la frontière entre culte et spectacle s’est estompée, créant un climat d’embrigadement.
Les dérives sectaires révélées
- Isolement des membres : coupure progressive d’avec l’entourage familial et ecclésial.
- Contrôle spirituel : injonctions à la soumission totale et à l’obéissance inconditionnelle.
- Financement opaque : contributions financières obligatoires pour participer aux sessions.
- Pratiques d’humiliation : rituels punitifs pour purifier les « âmes rebelles ».
Abus sexuels et enquêtes
En 2000, plusieurs anciens membres ont porté plainte pour agressions sexuelles et abus de pouvoir. Ils décrivent des contacts physiques imposés lors de séances de « guérison » et des pressions psychologiques pour dissimuler les faits. Une commission interne a finalement reconnu des manquements graves, mais les poursuites pénales ont été entravées par des procédures longues et complexes au sein du diocèse.
Réactions au sein de l’Église d’Angleterre
Face au scandale, la hiérarchie anglicane a ouvert une enquête canonique. Certains évêques demandent une vigilance accrue sur les mouvements charismatiques, pointant l’absence de dispositifs de contrôle adaptés. Les fidèles traditionnels, quant à eux, expriment leur désarroi : comment un tel phénomène a-t-il pu se développer sous leur regard ?
Enjeux et conséquences
Cette affaire illustre la difficulté pour l’Église d’équilibrer innovation pastorale et protection des fidèles. Elle soulève aussi la question de la responsabilité institutionnelle : jusqu’où faut-il tolérer des formes de culte non conventionnelles avant de craindre une dérive sectaire ? L’écho de l’affaire Nine O’Clock Service devrait inciter à renforcer les mécanismes de prévention et à soutenir les victimes.