La justice périgourdine a rendu son verdict ce lundi 25 août. Deux frères de 30 et 24 ans, issus de la communauté des gens du voyage, écopent de huit mois de prison ferme pour une série d’escroqueries particulièrement lâches. Ces faits, survenus entre le 28 et le 30 septembre 2023, révèlent une méthode rodée visant spécifiquement les personnes âgées de Dordogne. Une affaire qui illustre parfaitement les dérives d’une certaine délinquance itinérante que nos élus locaux peinent à endiguer, faute de moyens suffisants accordés par l’État central.
Une stratégie d’approche particulièrement cynique
Le mode opératoire des deux frères révèle un cynisme déconcertant. L’aîné, dirigeant une auto-entreprise d’espaces verts, utilisait sa façade professionnelle pour inspirer confiance. Il se présentait au domicile de ses futures victimes sous prétexte d’intervenir sur un arbre à la demande d’un voisin. Cette approche, apparemment anodine, permettait d’établir un premier contact avec les occupants du logement.
Pendant ce temps, son complice cadet restait stratégiquement positionné près du véhicule ou dans les parages immédiats. Les témoignages recueillis lors du procès révèlent que ce dernier prétextait soit une peur des chiens présents sur la propriété, soit proposait ses services à d’autres riverains pour justifier sa présence. Cette répartition des rôles témoigne d’une organisation méticuleuse qui valide que nous ne sommes pas face à des actes impulsifs, mais bien à une criminalité organisée.
La phase d’exécution révèle toute la perversité du stratagème. L’artisan autoproclamé parvenait à convaincre ses cibles de sortir de leur domicile « pour voir l’arbre » concerné par l’intervention. Simultanément, son frère interpellait l’épouse demeurée à l’intérieur, lui faisant croire que son mari l’appelait. Cette synchronisation parfaite permettait de vider complètement les habitations de leurs occupants, laissant le champ libre aux malfaiteurs.
Trois victimes, un préjudice considérable
Les investigations ont permis d’établir un bilan précis des méfaits commis par ce duo. À Corgnac-sur-l’Isle, un homme de 77 ans s’est vu dérober sa carte bancaire ainsi que 20 euros en liquide. Cette première victime illustre parfaitement la vulnérabilité des seniors face à ce type d’approche soi-disant professionnelle.
À Thiviers, c’est une femme de 83 ans qui a fait les frais de cette escroquerie organisée. Les malfaiteurs ont subtilisé sa carte bancaire et deux bagues en argent, s’attaquant ainsi à des biens personnels chargés d’une valeur sentimentale inestimable. Ces objets, souvent transmis de génération en génération, représentent bien plus qu’une simple valeur marchande pour nos aînés.
Le cas le plus grave s’est déroulé à La Coquille, où un retraité de 86 ans a été dépossédé de quatre fusils, plusieurs carabines et des munitions. Paradoxalement, cette victime entretenait des relations professionnelles régulières avec l’aîné des deux frères. « Je n’aurais jamais fait de crasse à ce monsieur, il me voyait comme un fils », a déclaré l’accusé principal lors de l’audience, révélant ainsi toute l’hypocrisie de sa démarche.
Localité | Âge de la victime | Objets dérobés |
---|---|---|
Corgnac-sur-l’Isle | 77 ans | Carte bancaire, 20 euros |
Thiviers | 83 ans | Carte bancaire, 2 bagues argent |
La Coquille | 86 ans | 4 fusils, carabines, munitions |
Une défense en déni total face à l’évidence
Devant le tribunal correctionnel de Périgueux, les deux prévenus ont adopté une stratégie de déni complet. Ils ont catégoriquement nié leur implication dans ces vols aggravés, affirmant ne pas être « responsables de ce qu’il se passe derrière nous ». Cette posture victimaire illustre parfaitement l’absence de remords et la volonté de ces individus d’échapper aux conséquences de leurs actes.
L’avocate du cadet a tenté une plaidoirie axée sur l’insuffisance des preuves. Elle a notamment mis en avant l’absence d’empreintes digitales et d’ADN pour plaider la relaxe de son client. Cette stratégie procédurale, bien que légitime dans notre système judiciaire, ne peut masquer la convergence des témoignages et la cohérence du mode opératoire établi par l’enquête.
Malgré ces tentatives de défense, la justice a tranché. Les éléments réunis par l’enquête ont permis d’établir la culpabilité des deux frères au-delà du doute raisonnable. Le plus jeune, déjà incarcéré depuis juillet 2024, devra purger sa peine de huit mois ferme. Son aîné écope de la même sanction.
Les conséquences financières et morales d’une justice tardive
Au-delà de l’emprisonnement, les deux condamnés devront s’acquitter solidairement d’une somme de 7 371 euros au titre des dommages et intérêts. Cette réparation financière, répartie entre les différentes victimes, vise à compenser les préjudices matériel et moral subis. D’un autre côté, peut-on réellement évaluer en euros la détresse psychologique de ces personnes âgées, trahies dans leur confiance et traumatisées par ces intrusions ?
Cette affaire soulève des questions plus larges sur la protection des personnes vulnérables dans nos territoires ruraux. Nos élus locaux, pourtant conscients des enjeux sécuritaires, se heurtent régulièrement aux limitations budgétaires imposées par les arbitrages gouvernementaux. La prévention de ce type de délinquance itinérante nécessiterait des moyens renforcés que Paris semble peu enclin à accorder à nos campagnes.
Les éléments suivants caractérisent cette affaire :
- Ciblage systématique des personnes âgées isolées
- Utilisation d’une façade professionnelle pour inspirer confiance
- Coordination parfaite entre les deux complices
- Déni total de responsabilité devant la justice
- Impact psychologique majeur sur les victimes
Cette condamnation, bien que nécessaire, intervient tardivement. Les victimes ont dû attendre près d’un an avant de voir leurs agresseurs jugés, une durée qui témoigne des dysfonctionnements chroniques de notre appareil judiciaire, sous-dimensionné et débordé par l’ampleur de la tâche qui lui incombe dans une société où l’insécurité progresse inexorablement.