Des survols récents au Danemark et en Norvège ont rappelé la vulnérabilité des plateformes aéroportuaires face aux drones. Fermetures temporaires, saisies et déploiements policiers soulignent l’urgence : détecter, identifier et neutraliser ces engins devient une priorité pour la sécurité du trafic aérien.
Perturbations récentes et contexte
Plusieurs aéroports européens ont été perturbés ces derniers jours par des survols de drones. À Copenhague, la police s’est rapidement déployée autour de l’infrastructure après des observations d’appareils non identifiés. En Norvège, les forces de l’ordre ont saisi un drone près de l’aéroport international d’Oslo, après que son pilote — présenté comme un ressortissant étranger — a été interpellé.
Le phénomène n’est pas nouveau : la fermeture de l’aéroport de Gatwick en décembre 2018, après la détection d’une centaine de drones en deux jours, reste une référence. Mais l’évolution rapide des technologies et le risque d’actes malveillants, dans un contexte de tensions géopolitiques, rendent la menace d’autant plus complexe à gérer.
Détection : radars, acoustique, visuel
Pour repérer des drones en basse altitude, les aéroports combinent plusieurs systèmes : radars spécifiques, capteurs acoustiques et observations visuelles renforcées. Ces moyens permettent d’alerter rapidement le contrôle aérien et d’éviter tout risque de collision avec des aéronefs civils.
Neutralisation : quelles options ?
- Brouillage : la méthode la plus répandue consiste à neutraliser les liaisons radio entre le drone et son opérateur à l’aide de dispositifs de brouillage, souvent portatifs.
- Interception par drone : des drones intercepteurs équipés de filets peuvent capturer et ramener au sol des engins de poids comparable, limitant les risques au sol.
- Armes à énergie dirigée : la destruction par laser est techniquement possible, mais son emploi soulève des risques collatéraux importants (chutes de débris, dommages au sol).
Toutes ces solutions ont des limites : le brouillage peut être contourné, et l’interception nécessite des moyens et des temps de réaction élevés. Par ailleurs, les progrès réalisés par des acteurs étatiques dans le cadre de conflits (ex. Russie/Ukraine) montrent que des parades techniques peuvent rapidement apparaître.
Compétences et responsabilités
En France, la détection et la neutralisation des drones légers relèvent principalement de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) et de la gendarmerie des transports aériens. La protection de l’espace aérien dans son ensemble incombe au Ministère des Armées, qui peut mobiliser des moyens anti-aériens si la menace dépasse le cadre civil.
Les aéroports eux-mêmes disposent donc d’outils pour agir sur les drones civils, tandis que les engins de catégorie militaire ou les intrusions à caractère stratégique restent du ressort des forces armées.
Enjeux et limites
Les autorités cherchent un équilibre : neutraliser une menace sans provoquer de dommages collatéraux sur des zones habitées ou des infrastructures sensibles. Abattre un drone au-dessus d’une ville n’est généralement pas prévu sauf danger imminent, car les conséquences au sol peuvent être graves.
Face à une menace en évolution, les aéroports doivent renforcer coordination, formation et systèmes de détection, tout en s’appuyant sur les forces nationales pour les cas les plus sérieux. La complexité technologique et juridique de la question impose une vigilance continue.