Égypte renforce ses troupes dans le Sinaï, Israël sur le qui‑vive

Le Caire a confirmé ce week‑end le renforcement de sa présence militaire dans la péninsule du Sinaï, un déploiement qui suscite l’inquiétude de Tel‑Aviv alors que la région reste ultra‑sensible depuis le déclenchement des combats à Gaza.

Des mouvements annoncés pour lutter contre le terrorisme et la contrebande

Selon les autorités égyptiennes, les récentes rotations et renforts visent à lutter contre «des actes terroristes» et des «opérations de contrebande». Ces déclarations confirment des rumeurs qui circulaient depuis la fin août et font écho à des opérations menées par l’armée égyptienne depuis les attaques du Hamas le 7 octobre, quand Le Caire avait déjà renforcé sa frontière.

La péninsule du Sinaï occupe une place particulière dans l’accord de paix de 1979 entre l’Égypte et Israël : elle a été démilitarisée et divisée en plusieurs zones (A, B, C et D), chacune soumise à des règles précises. Dans la pratique, l’armée égyptienne peut stationner une division mécanisée dans la zone la plus autorisée tandis que des bataillons moins lourdement armés sont cantonnés ailleurs et que la Force multinationale d’observation (MFO) patrouille dans certaines portions en coopération avec les autorités égyptiennes.

Tel‑Aviv s’alerte, demande d’intervention américaine

Israël suit de près ces mouvements. Déjà engagé militairement à Gaza et occupant des positions de frappe au Liban et en Syrie, l’État hébreu considère tout changement important de posture militaire dans le Sinaï comme potentiellement dangereux. D’après Axios, le Premier ministre Benyamin Netanyahou a sollicité l’intervention de Donald Trump pour faire pression sur Le Caire afin de freiner ce renforcement.

La préoccupation d’Israël s’explique aussi par l’importance stratégique du point de passage de Rafah, l’un des rares accès entre la bande de Gaza et l’Égypte. Le point de contrôle de Rafah, désormais sous contrôle israélien, reste au cœur des tensions et des craintes liées aux flux de population et aux infiltrations.

Le Caire redoute un afflux de réfugiés et l’infiltration de combattants

Les autorités égyptiennes ont justifié leur posture par la crainte d’un afflux massif de réfugiés et par le risque que des combattants, mêlés à des colonnes civiles, ne profitent d’une ouverture des frontières pour entrer en Égypte. L’expérience de 2008, lorsque le mur frontalier s’était partiellement effondré et avait permis des entrées depuis Gaza, reste présente dans les esprits des responsables égyptiens.

Les services de sécurité du Sinaï sont aussi confrontés depuis plusieurs années à la menace d’organisations locales ayant prêté allégeance à l’État islamique (anciennement connues sous le nom d’Ansar Beit al‑Maqdis, puis «Province du Sinaï»). Le renforcement des moyens sur place est présenté par Le Caire comme une mesure de sauvegarde face à cette menace.

Égypte et Jordanie refusent l’idée d’un transfert de population

Sur la question des mouvements massifs de population, l’Égypte s’oppose fermement à toute politique d’expulsion ou de transfert de Palestiniens hors de Gaza. Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a rappelé que «le déplacement n’est pas une option et c’est une ligne rouge pour l’Égypte», affirmant qu’aucun fondement légal, moral ou éthique ne permettrait d’expulser des populations de leur terre.

Le refus égyptien rejoint la position de la Jordanie et d’autres acteurs arabes qui estiment qu’un transfert de population mettrait en danger la solution à deux États et son fondement démographique. Pendant ce temps, certaines voix israéliennes ont évoqué l’idée d’encourager l’émigration de Gaza, propositions qui ont provoqué de vives réactions diplomatiques et politiques dans la région.

En toile de fond, l’équilibre fragile du traité de paix et les règles de démilitarisation du Sinaï restent des éléments déterminants : tout ajustement significatif des forces sur place exige une attention et des consultations entre les parties, au moment où la région est plus que jamais sous haute tension.

Sources : dépêches et déclarations publiques, reportages sur les mouvements militaires dans le Sinaï et comptes rendus d’agences internationales.

Tags

Partagez cette article :

Recevez gratuitement tous les matins à 7H votre journal par email ! Désabonnez-vous quand vous le souhaitez.

Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore