Enfants et écrans en France : mesures gouvernementales jugées insuffisantes

Paris, 6 septembre 2025 — Plus d’un an après les recommandations d’une commission d’experts sur l’exposition des enfants aux écrans, l’action publique reste jugée trop timide par de nombreux spécialistes. Le rapport rendu au printemps 2024 recommandait des mesures fortes — protection des plus jeunes, restriction des smartphones et régulation des géants du numérique — mais la plupart de ces préconisations n’ont pas encore été transformées en politiques ambitieuses.

Des annonces, peu d’actes

Les travaux menés par une commission pilotée par la neurologue Servane Mouton et l’addictologue Amine Benyamina avaient abouti à plusieurs propositions : interdire l’accès des tout-petits aux écrans, repousser l’usage du smartphone jusqu’à l’adolescence et encadrer plus strictement les pratiques des entreprises du numérique. Le président de la commission, et la présidence de la République, avaient alors promis une mise en oeuvre rapide par les ministères concernés (Santé, Éducation, Numérique, Enfance).

Pourtant, selon plusieurs intervenants, la concrétisation tarde. « On voit beaucoup de paroles, beaucoup de commissions, mais très, très peu d’actes concrets », déplore Yves Marry, délégué général de l’association Lève les yeux, qui milite contre la surexposition des enfants aux écrans. Des experts indiquent avoir participé à une réunion en avril avec l’Élysée, Matignon et les ministères, sans suite tangible depuis.

Ce qui a été fait

Malgré la déception, quelques mesures ont été adoptées ou annoncées :

  • Interdiction formelle des écrans dans les lieux accueillant des enfants de moins de trois ans, décidée par le ministère de la Santé cet été ;
  • Généralisation annoncée du dispositif « portable en pause » dans les collèges, imposant aux élèves de laisser leur téléphone à l’entrée (casiers, pochettes) ;
  • Obligation de déconnexion des outils numériques scolaires (comme Pronote) le soir et le week‑end pour limiter les sollicitations hors temps scolaire ;
  • Élaboration d’un guide à destination des familles, basé partiellement sur les recommandations de la commission, pour promouvoir un « usage équilibré et responsable des écrans ».

Par ailleurs, la ministre déléguée au Numérique, Clara Chappaz, se mobilise sur l’interdiction des réseaux sociaux aux moins de 15 ans, mesure soutenue par le chef de l’État et qui pourrait être facilitée par une récente décision au niveau européen.

Experts partagés sur l’urgence

Les réactions des scientifiques restent nuancées. Certains, comme la neurologue Servane Mouton, regrettent le manque de suivi opérationnel : « depuis plusieurs mois, on n’a plus été sollicités par les ministères ». D’autres appellent au réalisme. L’épidémiologiste Jonathan Bernard, qui a dirigé une étude pour l’Inserm sur les effets des écrans, estime que le risque individuel pour chaque enfant reste limité mais rappelle que « les petits ruisseaux font les grandes rivières » : l’enjeu est réel à l’échelle collective.

Du côté de l’exécutif, on assure que le dossier est suivi. Le Haut‑Commissariat à l’Enfance affirme qu’il n’y a « jamais eu de coup d’arrêt » et le cabinet de la ministre de la Santé, Catherine Vautrin, souligne son engagement. Mais l’absence d’un pilote clairement identifié au sein du gouvernement est pointée comme un obstacle à la mise en oeuvre rapide d’un plan global.

Conclusion

La problématique des écrans et de la santé des enfants occupe désormais le débat public. Si des premières mesures sont apparues, elles restent jugées insuffisantes par une partie des professionnels de santé et des associations. Les recommandations fortes de la commission — notamment sur l’âge d’accès aux smartphones et sur la régulation des plateformes — attendent encore, pour l’essentiel, une traduction concrète et coordonnée au niveau national.

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